les "chroniques vélo"
de Paul Roy

23 juin 1997

Petites bagnoles, gros braquets

Je m'en allais rouler avec un groupe d'hommes d'affaires : des courtiers, des banquiers, des directeurs de prêts, un commerçant, un ingénieur, un avocat, un promoteur immobilier... Nous avions rendez-vous au chalet d'un commanditaire de leur club, à Orford.

Au volant de ma Saturn familiale, mon Marinoni rose et bleu étendu de tout son long à l'arrière, j'essayais de deviner quel type de voitures utilisent ces messieurs - je ne verrai pas une femme de tout l'après-midi - pour transporter leurs «petites reines». J'imaginais une Saab, une Audi Quattro 1,8T, la nouvelle Porsche Boxster, deux Volvo et quelques 4X4 de luxe.

Rien de tout ça ! Devant le chalet de Tom Marcantonio, du Groupe Edgecombe, j'ai vu une Taurus, une Golf, une grande Cadillac blanche, une petite Acura 1,6 et plusieurs mini-fourgonnettes.

Mais ce que les membres de l'ACDA (Association des cyclistes en développement d'affaires) n'avaient pas sous le capot, ils l'avaient dans les cuisses et les mollets. En les toisant, le photographe de La Presse, un homme d'une certaine sagesse, nous a annoncé : «Réflexion faite, je pense que je vais vous précéder en Oldsmobile.» Tout le monde a trouvé que c'était une bonne idée.

D'autant qu'il y avait deux ex-champions canadiens dans notre groupe de 18 : Gervais Rioux, 36 ans, proprio de la boutique Cycles Gervais Rioux, a été trois fois champion du Canada en plus de participer à deux Jeux du Commonwealth (Brisbane et Édimbourg) et aux Jeux olympiques de Séoul ; René Fortin, ingénieur chargé de projets chez le promoteur immobilier Beldex, a fini premier aux Jeux du Canada de 1989 et a remporté la Coupe du Québec l'année suivante. À 28 ans, il court encore dans la catégorie senior 2.

D'autres cyclistes n'étaient pas piqués des vers non plus, dont les deux cofondateurs de l'ACDA : Gilles Dionne, associé chez Beldex, et Jacques Dubé, de la Société canadienne d'hypothèques et de logement. Des membres du club partent régulièrement à vélo de Saint-Bruno, de Varennes, de l'Île-Bizard... pour venir travailler au centre-ville.

«Le golf, m'a expliqué M. Dionne, je trouve ça un peu platonique. Le vélo, c'est plus intense.»

Et intense ce fut, mercredi après-midi : 78 kilomètres sous la pluie ! Et avec des bonnes côtes.

En gros, notre circuit, que je ne vous recommande pas particulièrement - pas vilain, mais il y en a de plus intéressante -, partait du chemin Alfred-DesRochers et contournait le parc du mont orford par les routes 141, 112 et 220. Une demi-douzaine de «gros braquets» parmi nous se sont même permis une boucle supplémentaire d'environ 12 kilomètres. Une fois mouillé ...

Les vélos ? Des Marinoni à la pelletée, des Argon 18, un GT et un superbe Litespeed en titanium.

Les hommes d'affaires brassent-ils vraiment des affaires sur un terrain de golf ? Chose certaine, s'il s'en est brassé à vélo, mercredi, je n'en ai pas été témoin.

En début de randonnée, j'ai bien vu un cycliste - je ne me souviens plus lequel - rouler quelques instants avec son téléphone cellulaire collé à l'oreille, mais ce fut tout. Même qu'au retour, verre de rouge à la main devant le méchoui préparé par notre hôte, les cyclistes hommes d'affaires avaient bien d'autres sujets de discussion que les cours de la Bourse.

De quoi parlaient-ils ? De la vie, des enfants, de voyages et de ... vélo.

On peut joindre Gilles Dionne au 483-2224.


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