les "chroniques vélo" |
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21 juillet 1997
L'humoriste se mouille
Quand j'ai quitté la maison ce matin-là, il bruinait. J'ai pensé remonter appeler Mario Jean. Nous nous étions dit qu'en cas de pluie, on remettrait ça. Mais pleuvait-il ? J'ai démarré.
Sur le pont Jacques-Cartier, j'ai actionné mes essuie-glaces. Allait-il être au rendez-vous ?
Dans le parking de la piste du canal de Chambly, un homme assis dans une mini-fourgonnette Nissan Quest. Était-ce lui ? Sans la casquette des Expos, le sac à journaux et l'air beignet de son personnage de Ti-Guy Beaudoin - le camelot attardé qui dit des choses presque songées-, je n'étais pas sûr.
- Bonjour, je suis Mario Jean.
Le type qui me tendait la main était du genre massif : 5'10", 220 livres. L'air, en plus petit, d'un joueur de centre au football.
- On y va ?
- on est là pour ça !
On a sorti nos vélos. Le sien : un Nishiki de montagne milieu de gamme. Il avoue s'ennuyer à l'occasion de son ancien vélo de route, mais celui-là est idéal pour tirer la voiturette de son fils de trois ans, Dominique.
Le vélo, c'est avant tout une activité familiale pour ce maniaque de baseball, que ma collègue Jocelyne Lepage, chef de la division des arts et spectacles de La Presse, me décrit comme un humoriste «social».
Il roule essentiellement sur les pistes cyclables avec sa blonde, Nathalie Simard - pas celle à laquelle vous pensez - et Dominique. Par chance pour ce résidant de Sainte-Julie, ce ne sont pas les pistes cyclables qui manquent en Montérégie.
Nous avions choisi de faire celle du canal de Chambly, de Chambly à Saint-Jean. Aller-retour, une affaire d'un peu moins de 40 kilomètres.
«Sorti du rouge»
Avant de partir, le photographe lui demandera de faire une drôlerie. Docile, il fera semblant de grimper à vélo à bord d'un bateau amarré le long du canal. Clic !
Mais un peu plus tard, en roulant sous une pluie redevenue fine, il me confiera qu'il ne tient pas à être «drôle tout le temps», qu'il a même de la misère avec le monde pour qui «une blague n'attend pas l'autre».
En fait, les blagues ne pleuvront pas le long du parcours. Nous parlerons de sa carrière - qui va très bien merci -, de son fils - qui l'amène de découverte en découverte -, de la politique dont il essaie de ne pas se désabuser -, de conscience sociale ...
32 ans, Mario Jean dit vivre très bien de l'humour. Combien ça paye ? Il reste évasif. Je l'aide :
- Moins qu'un joueur de hockey et plus qu'un prof d'université ?
- On peut dire ça.
Il a donné 150 représentations de son premier one man show depuis octobre 1995. «Ça fait longtemps qu'on est sorti du rouge», dit-il.
Et il y en aura un deuxième, un troisième ... il aimerait continuer de donner des spectacles toute sa vie.
- Heureux ?
- Très heureux !
Pauvreté
Il se sait chanceux. Il constate la pauvreté autour de lui. «Pas juste à Montréal, dit-il, partout où je vais au Québec. À Chicoutimi, d'où je viens, ils sont rendus avec deux soupes populaires !»
À défaut de faire quelque chose pour y remédier, il essaye d'en rester conscient. «Ça m'oblige à respecter le public encore plus. Quand t'arrives avec tes tickets à 30$, tu te dis que c'est pas juste des big shots qui les achètent. Alors tu te forces !»
Souverainiste ? Oui. Il a voté PQ, Bloc... Mais comme beaucoup de Québécois, il se demande si c'est vraiment la solution. Il doute de la capacité des politiciens souverainistes actuels de faire marcher un Québec souverain.
«De toute façon, laisse-t-il tomber, tout le Canada est à repenser. Et je ne suis pas allergique aux anglophones. C'est sûr qu'on peut se faire crier des noms, à l'occasion, ailleurs au Canada. Mais des imbéciles, il y en a partout. Ici même, dans des bars, tu en pognes des épais des fois !»
Cynisme
Il s'interdit d'être trop cynique, même si ce n'est pas toujours le goût qui manque .. «Quand la télé te montre des gens, en Afrique du Sud ou ailleurs, tout heureux d'avoir voté pour la première fois, tu rengaines ton cynisme.»
Ferait-il de la politique active un jour, lui qui a participé à deux Parlementeries ? Oui, mais pas juste pour faire de la politique. «Je n'irais pas, comme Monique Simard, dans huit circonscriptions pour me faire élire. Mais si un jour, dans 15 ou 20 ans, des gens de mon coin me demandaient de les représenter...»
À plus court terme, il ne cracherait pas sur la politique scolaire. «Dominique va aller à l'école bientôt, alors j'aimerais avoir mon mot à dire sur la façon dont ça se passe.»
Et le vélo ? Justement, il voulait m'en parler. Il est le porte-parole du Grand Déraillage montérégien 1997, une activité de la Fondation réseau vert de la Montérégie.
En gros, le dimanche 31 août, des centaines de cyclistes partiront de Chambly, Waterloo, Granby et Iberville pour converger sur Farnham en empruntant différents aménagements cyclables montérégiens, dont la piste du canal de Chambly. Les distances (aller-retour) varieront de 45 kilomètres (Iberville-Farnham) à 90 kilomètres (Waterloo-Farnham).
Un spectacle d'humour aura lieu à Farnham, que Mario Jean animera, accompagné de Pierre Légaré et Claudine Mercier. On s'inscrit avant le 15 août au 773-0045. Coût : 10$.
À Saint-Jean, à mi-parcours, l'autre jour, nous avons fait une pause café-muffin. De retour à Chambly, après 39 kilomètres, nous étions mouillés, mais pas complètement trempés. C'est dire si la pluie était fine.
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