les "chroniques vélo" |
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11 avril 1999
Pour inaugurer la saison cycliste 99, La Presse s'est rendue en Virginie, où Marc Dufour, «pdg» du groupe Centrifuge, tient un camp d'entraînement pour cyclosportifs québécois. Paul Roy vous raconte ce qu'il y a observé. |
Rigidité, souplesse, nervosité... des vélos de caractère
Paul Roy
Stuarts Draft, Virginie
Si plusieurs des cyclosportifs québécois qui étaient en Virginie la semaine dernière possèdent plus d'un vélo, la plupart n'en avaient apporté qu'un dans leurs bagages.
Michel Nepveu, lui, avait une grande valise. Il s'est pointé à Stuarts Draft avec cinq coursiers !
Et des beaux : le nouveau M4 de Specialized, une grande affaire jaune de 4000$, 17 lbs sans les pédales, monté Shimano Dura Ace, roues Mavic Helium ; le Rocky Mountain Turbo, 2600$, monté Ultegra, cadre aluminium Easton ultralight, fourche Time Sprint en carbone ; le Guru Neuron, 2400$, cadre Columbus Neuron, fourche Mizuno en carbone, monté Campagnolo Veloce ; le Peugeot Biarritz, 2000$, cadre et fourche en aluminium, monté Shimano 105 ; le Cannondale R600, 1700$, cadre en aluminium CAAD3, fourche en carbone, monté 105...
Détrompez-vous : Michel Nepveu n'est pas milliardaire. Même que dans la vraie vie, le vétéran coureur de 38 ans, qui possède une maîtrise en littérature, se déplace le plus souvent sur un antique CCM «pas de vitesses». Pour le sport, il possède un Ryffrank Columbus SLX. Tout de même !
Le truc, c'est qu'il est rédacteur en chef adjoint au magazine Vélo Mag Et qu'essayer des vélos, le pauvre homme, ça fait partie de sa définition de tâche. Snif !
Mais ses essais, il ne les fait jamais seul. «Mon premier principe, c'est de faire essayer les vélos à d'autres. On n'est pas toujours d'accord, mais habituellement, il y a des consensus.»
À Stuarts Draft, où il est arrivé samedi soir, il ne prévoyait pas avoir de difficulté à recruter des volontaires, à commencer par Marc Dufour, le patron de la place. Seul pré-requis: mesurer dans les 5'10'' à 6', les vélos à l'essai faisant tous 56 centimètres.
Que doit-on rechercher dans un vélo de route (cyclosportif) ? Rigidité latérale, pour minimiser la perte d'énergie; élasticité verticale, pour le confort; nervosité...
- Nervosité ?
- C'est la façon dont le vélo revient après une torsion, une forme de réponse à la sollicitation.
- Le vélo parfait existe-t-il ?
- Il commence à y en avoir qui s'en approchent...
Michel Nepveu pense à un certain Serotta qu'il a essayé... Il faut dire qu'il est un adepte du titane - qui se déforme beaucoup mais qui «revient» - et de l'acier (de qualité), un matériau vivant.
Il aime moins l'aluminium et le carbone. «L'alu a un feeling mort. Très rigide, mais pas assez résilient. Inconfortable. Il ne rebondit pas et finit par casser. Le carbone aussi casse. On a essayé un Lemond OLCV l'autre jour, et personne n'était excité.»
Mais attention ! L'alu et le carbone sont des matériaux légers et performants que nombre d'essayeurs et de coureurs affectionnent. «Ça donne souvent des vélos flamboyants, spectaculaires, reconnaît Michel Nepveu. Mais pas assez adaptés, à mon goût, à la vie de tous les jours.»
Les fourches en carbone, par contre, à peu près tout le monde s'entend pour dire que «c'est ce qu'il y a de mieux».
Le titane pourrait être le matériau idéal, si ce n'était de son prix : 4000 $ en montant...
«C'est un métal exotique», signale Pierre-Étienne Grégoire, habitué du camp d'entraînement de Stuarts Draft et propriétaire d'un imposant parc de vélos - dont un Litespeed en titane.
«Tu te réveilles pas, un matin, t'as jamais fait de vélo et tu vas t'en acheter un en titane !»
Reste l'acier, donc, qui rebondit bien tout en possédant une bonne rigidité, et qui ne coûte pas les yeux de la tête. «Pour 1500 $ - et un peu moins -, on trouve des choses très intéressantes.»
Intéressés ? Alors n'oubliez pas de vous garder des sous pour les souliers, le cuissard, le maillot, la pompe, le cyclomètre... Et bonne saison de vélo !
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