les "chroniques vélo" |
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9 avril 1999
Pour inaugurer la saison cycliste 99, La Presse s'est rendue en Virginie, où Marc Dufour, «pdg» du groupe Centrifuge, tient un camp d'entraînement pour cyclosportifs québécois. Paul Roy vous raconte ce qu'il y a observé. |
Encore mieux qu'un job d'été
Paul Roy
Le premier est grand et mince, le second plus petit et trapu. Mais ils ont tous deux 22 ans, ont tous deux couru au Québec - Mardis de Lachine, Grand-Prix de Beauce, Québec-Montréal... -, aux États-Unis et en Europe.
Tous deux voulaient faire pro... Mais tous deux songent maintenant à retourner à l'école en septembre.
Samuel Thibodeau (le grand mince), qui court pour l'équipe Radio-Énergie, veut étudier le design de mode; Alexandre Lavallée, des Espoirs de Laval, le design industriel.
On les verra courir cet été. Au Québec et aux États-Unis. Mais après...
«Courir, c'est aussi payant qu'un job d'été, dit Alexandre. Et c'est plus le fun.»
- Payant ?
- Ce qui est payant, c'est les bourses. Aux États-Unis en particulier, où on donne parfois des bourses aux 20 premiers. T'as même pas besoin de gagner.
- Et les dépenses ?
- Défrayées par l'équipe.
Cet été, Alexandre croit pouvoir récolter 4000 $, «avec des 100 $ ici, des 200 $ là».
Aux «Mardis», il s'attend à travailler pour Yannick Cojan, un redoutable sprinter. «À Lachine, il y a des primes d'équipe pour un podium, ce peut être assez payant !»
Samuel aussi espère se faire des sous cet été. Mais en septembre, c'est les études. «Pour continuer (le vélo), dit-il, il me faudrait un contrat pro.»
Vincent Jourdain, entraîneur de l'équipe du Québec, n'y croit guère. «Pour ça, il faudrait qu'il soit très bien encadré et qu'il travaille très fort. Chose certaine, cet été, c'est sa dernière carte.»
Samuel et Alexandre ont du talent, reconnaît-il. «Mais à un moment donné, c'est pas tout le monde qui passe.»
Sauf qu'à 22 ans, ce n'est pas facile de lancer définitivement la serviette: «Je suis un sprinter, dit Samuel. Et des sprinters, il en mouille pas. Il s'agirait d'une bonne saison...»
Des bonnes saisons, le jeune homme en a connu quelques unes. «À 15 ans, rappelle-t-il, j'avais déjà un contrat toutes dépenses payées. Et en 95, à ma première année senior, j'étais partout !»
En 96, il part courir en France. «J'avais encore du gras de bébé, je ne marchais pas.» Il y retourne deux ans plus tard. «En France, on est un peu considérés comme des voleurs de job (les coureurs québécois). On coûte moins cher que les Français. On est comme les Polonais ou les Estoniens.»
Alexandre, lui, a couru trois saisons en Europe. Son entraîneur le décrit comme «un bon coureur agressif». «Pas un super grimpeur, mais il peut passer les bosses. Sa force, les courses d'un jour.»
- Comme Steve Bauer ?
- Un peu le même style, oui. Mais Alex n'est pas Steve Bauer...
S'ils retournent à l'école en septembre, Sam et Alex feront-ils une croix définitive sur le vélo ?
«Peut-être pas, répond Samuel. Mais le vélo va passer après l'école et les amis.
- Comme job d'été alors ?
- Oui, d'autant que les courses, c'est les fins de semaine que ça se passe, de la mi-avril à la mi-septembre, et que c'est possible de gagner de 250 $ à 300 $ par fin de semaine.
- Imposable ?
- Ça n'apparaît même pas sur les demandes de prêts et bourses.
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