Paul Roy, cycliste |
---|
Une connaisseuse sans casque
Paul Roy
Trois-Rivières
Le vélo, elle connaît. Elle a 37 ans et elle en fait activement depuis 19 ans. Elle a parcouru le Canada, les États-Unis, l'Europe et l'Afrique du Nord ; elle a dirigé des cliniques et écrit un livre sur la mécanique vélo. Et à titre de directrice générale du Tour de l'île ( 45 000 participants), du Grand Tour (1900 participants), du Tour des Cantons (700 participants) et de la Petite aventure (700 participants), elle fait probablement faire chaque été du vélo à plus de monde que quiconque sur la planète.
Pourtant, Suzanne Lareau roule sans casque.
- Pourquoi ?
- Je n'en ai même pas, de casque. C'est un choix personnel, je trouve que compte tenu des inconvénients, ça n'ajoute pas grand-chose à ma sécurité personnelle.
Pour Suzanne Lareau, la sécurité est bien plus affaire de comportement, d'attitude. «Des fois, dit-elle, je vois du monde rouler tout croche, sur des vélos mal ajustés, sans réflecteurs, mais avec un casque sur la tête !»
Elle se permet d'ailleurs de douter des statistiques que fourbissent les fonctionnaires de la Société de l'assurance automobile ( SAAQ ) et des départements de santé communautaire (DSC), qui veulent imposer le port obligatoire du casque aux cyclistes.
«En moyenne, au Québec, il se tue une trentaine de cyclistes par an. Mais quand on examine les statistiqucs, on constate que plus de la moitié avaient brûlé un feu rouge, roulaient en sens contraire ou n'étaient pas visible la nuit. Moi, ce qui m'intéresse, c'est de travailler à prévenir les accidents, pas de porter un semblant d'armure.»
Suzanne Lareau souligne en passant qu'il se tue annuellement au Québec 150 piétons et 500 conducteurs et passagers d'automobiles. Et elle demande : «Combien de vies sauverait-on si on les obligeait eux aussi à porter un casque ?»
Elle dit percevoir dans cet acharnement de fonctionnaires, tout comme dans le récent épisode du lait cru, des relents de «fascisme sanitaire».
Et elle rappelle que »ce qu'il y a de moins dangereux dans la vie, c'est de rester assis et de regarder la télé». «Vivre, c'est sÛr, ça comporte un certain nombre de risques.»
Vers la fin du mois, débute à Québec la commission parlementaire sur la réforme du Code de la route. La question du port du casque y sera abordée. Vélo Québec, organisme parent du Tour de l'île, viendra y exprimer son opposition à toute législation en ce sens.
De Strasbourg au Grand Tour
Il s'appelle Jean-Luc Marchal, il a 42 ans, et il a roulé à vélo sur les cinq continents. Il y a trois ans, il était nommé chargé de mission par la Communauté urbaine de Strasbourg, en France.
Sa mission : faire passer la proportion des déplacements à vélo de 15 % à 25 % en 10 ans sur le territoire de la CUS. Sa stratégie passe par différents aménagements urbains, la lutte contre le vol et le changement des mentalités.
Strasbourg, qui compte un demi-million d'habitants, se dote donc de nouvelles pistes et bandes cyclables, dispose dans toute la ville des arceaux auxquels on peut verrouiller son vélo, et aménage des «vélo-parks» où, moyennant 150 francs par an (environ 40$), on peut laisser son vélo sous bonne garde. On y accède à l'aide d'une carte à puces.
Jean-Luc Marchal s'intéresse également à l'intermodalité train- vélo et élabore des systèmes de «vélocation».
«Il faut que l'on en vienne à pouvoir louer un vélo aussi facilement qu'on prend un taxi», explique-t-il.
De janvier à juillet de cette année, il s'est loué 13 000 vélos à Strasbourg.
Le groupe de M. Marchal a également fait concevoir un vélo de ville appelé «Le Strasbourg» à l'intention des 6000 fonctionnaires municipaux. «Ce vélo dispose d'un porte-téléphone, de sacoches, c'est un vrai vélo urbain.»
Hier, Jean-Luc Marchal n'était pas à Strasbourg mais bien à Trois-Rivières. Il participe au Grand Tour avec sa femme, Anne Mistler, et ses fils Camille, 12 ans, et Timothée, 8 ans.
Il a connu les gens de Vélo Québec lors d'une conférence sur le vélo, en France. Pour lui, le Tour de l'île, c'est «la seule réussite au monde de cette nature».
Journée de repos, hier, à Trois-Rivières. Plusieurs des 1900 participants en ont profité pour se rendre par autobus dans le parc de la Mauricie, d'autres pour aller faire du canot ou de la voile. Un certain nombre n'a pas trouvé mieux que d'aller faire... du vélo.
«L'autobus de la honte» n'a pas chômé depuis le départ, puisque 17 cyclistes l'ont emprunnté à un moment ou à un autre. La chaleur ? Le manque d'entraînement ? Certainement pas les côtes !
Aujourd'hui, Trois-Rivières-Grand-Mère, une petite journée de 58 kilomètres.