Paul Roy, cycliste

8 août 1997

Des nouvelles du Grand Tour

Paul Roy

Le Grand Tour va bien. Comment je le sais ? J'en arrive - j'ai fait l'étape Lac-Mégantic-Lennoxville mercredi. Et le monde est content.

Beau, pas trop chaud, parcours écoeurant - quoique très sportif -, organisation impeccable», me suis-je fait répondre par tous ceux à qui je me suis adressé.

Autre indice - l'atmosphère au Village du tour, l'autre soir. Le Bistro (qui se déplace d'une ville-étape à l'autre) débordait de « grandtouristes » dansant et s'envoyant des Corona et des «mollets citronnés», la boisson du tour. La recette ? Rhum citron et jus de canneberges.

- Et la bouffe ?
- Géniale !
- Génial, le souper à Lac-Mégantic, mardi soir ? Ce riz insipide et ces brochettes trop cuites ? Franchement !
- Ouais ! C'est vrai qu'à Mégantic... Mais partout ailleurs !

Jean-Marie, 53 ans, fait son premier Grand Tour (celui qui se termine demain est le 4e ). Il n'a que des éloges. Sauf pour les files d'attente: «Tu fais la queue pour manger, pour boire, pour chier... Mais, tout de même, quelles vacances !»

Deux mille participants encore cette année. Et 300 organisateurs et encadreurs. Une joyeuse et besogneuse armée qui tricote son Grand Tour depuis samedi dernier : Charny, Sainte-Marie-de-Beauce, Saint-Georges-de-Beauce, Lac-Mégantic, Lennoxville, Granby (hier ), Saint-Jean (aujourd'hui) et Verdun (demain).

Un parcours sportif, disions-nous ? Mets-en ! Mardi, lors de la journée de repos, tout le magde parlait des côtes assassines grimpées la veille entre Saint-Georges et Lac-Mégantic. D'un pic, en particulier, entre Saint-Sébastien et Sainte-Cécile-de-Whitton.

«Y t'avait une euphorie quand t'arrivais en haut, j'avais jamais vu ça», m'a dit Louis Pasquin, qui en est à son quatrième Grand Tour.

S'il est incontestablement le plus dur, ce Grand Tour est aussi aux yeux de plusieurs le plus beau. Certains disent avoir préféré les paysages du deuxième, qui avait exploré de forts beaux coins de l'Estrie. Mais Louis Pasquin, lui, est catégorique : «Les paysages, c'est c't'année !»

À défaut d'offrir les vues spectaculaires - et les côtes qui vent avec - de lundi, l'étape de mercredi (104 kilomètres), entre Lac-Mégantic et Lennoxville, n'était pas piquée des vers pour autant. Mais c'est son dernier tiers, à partir d'East Angus, qui était le plus beau. Une route étroite, parfois en gravier, qui montait, descendait et coulait entre des champs où broutaient des bovidés et un enclos où couraient trois chevaux fringants. On ne voyait pas le paradis, mais on le devinait presque.

Une étape côteuse. Avec beaucoup de montées et - personne ne s'en plaignait - encore plus de descentes. « J'en ai descendu une à 85 ! » jubilait Martine, une fille de Gatineau, au Bistro, mercredi après-midi.

- Quatre-vingt-cinq ?
- C'est ce qu'a enregistré mon odomètre...

Beaux vélos
Quoi de neuf au Grand Tour ? L'équipement. Les premières années, on y voyait beaucoup de vélos de montagne. Très peu cette année. Et ceux qui restent roulent sur des pneus lisses. Les pneus de tracteurs qui font «boum ! boum '» sur l'asphalte sont définitivement out !

Jean-Claude Dubois, un traducteur de 45 ans, a fait les trois premiers Grands Tours avec un bon hybride. Cette année, il s'est pointé avec un Marinoni de course. Déjà bon rouleur, il est encore meilleur. «Le vélo, ça fait toute la différence !» dit-il. Martine aussi a troqué son hybride pour un beau Bertrand bleu ciel, cette année.

Beaucoup plus de vélos à guidon recourbé, donc. Des cyclotouristes et des cyclosportifs. Des marques québécoises : encore beaucoup de Marinoni, mais aussi des Devinci, des Radical, des Argon 18, des Mikado (Procycle), des Quetzal (à position allongée ), des Bertrand... J'ai vu un Lemond aussi, et d'autres belles mécaniques. Les «grandtouristes» se raffinent. Ou commencent à toucher des héritages...

J'ai cru remarquer qu'ils s'amélioraient aussi. Me semble qu'on en voit moins mettre pied à terre dans les côtes.

Et selon Martine et Sarah, qui s'étaient rencontrées au Grand Tour précédent, on voit moins cette année de ces petits pelotons serrés qui doublent tout le monde sans voir personne.

Des accidents ? Quelques-uns, ce type dont la selle a débarqué et qui s'est empalé sur son poteau de selle. Paraît que ça fait super mal. Et cet autre, qui a perdu son dentier en grimpant une côte qui avait du mordant.

D'un Tour à l'autre
Gervais Rioux, de Cycles Gervais Rioux, fournit encore cette année l'atelier mobile de mécanique du Grand Tour. Mais sitôt rentré, en fin de semaine, il devra refaire ses bagages : il vient d'être nommé directeur technique de l'équille canadienne qui participera au Tour de France féminin. Il s'envoie lundi. Le Tour débute mercredi. Son équipe comprendra cinq coureuses dont Linda Jackson, qui vient de remporter le Tour de l'Aude, et la Québécoise Annie Gariépy.