Paul Roy, cycliste

9 août 1996

La flotte !

Paul Roy

Joliette

Parlez-moi de la pluie,
et non pas du beau temps,
le beau temps me dégoûte,
et m'fait grincer des dents
- Georges Brassens

Il pleuvait hier matin, quand le Grand Tour a quitté Grand-Mère à destination de Joliette. Il tonnait aussi et il éclairait. C'était magnifique ! Depuis samedi que nous mijotions dans notre crème solaire !

Tout à coup, la campagne prenait une autre personnalité, d'autres couleurs. Et quel plaisir de rouler sans la sueur qui vous brûle les yeux ! La pluie était parfois douce, le plus souvent violente.

Le plus souvent également, le vent nous poussait, si bien que la halte-dîner de Louiseville, distante de 64 kilomètres, fut atteinte en une pinotte. C'est après que ça s'est gâté.

En après-midi, il a plu un peu, mais il a surtout fait chaud. Et le soleil s'est montré en quelques occasions. Mais le vent a cessé d'être l'allié des 1900 cyclistes, leur faisant gagner, parfois durement, la soixantaine de kilomètres restants. Les chaînes des vélos, après une couple d'heures sous la douche, n'avaient plus une goutte d'huile et nous le faisaient savoir. Bruyamment.

- Tiens, toi aussi ?

Puis, à 102 kilomètres, j'ai crevé. À l'arrière. Plus qu'une vingtaine de kilomètres avant Joliette, j'hésite... Regonfle et repart. Deux kilomètres plus loin : pfiiiit ! Défait la roue, remplace la chambre à air, regonfle : pfiiiit ! Guy et Jean, deux encadreurs du Grand Tour arrivent à la rescousse. «Beaucoup de crevaisons, aujourd'hui », me disent-ils.

Ils réparent et on repart. Mais à 10 kilomètres de Joliette : re-pfiiit ! Cette fois, plus question de réparer : je regonflerai aux deux kilomètres. Les derniers l00 mètres seront accomplis à pied. En 9,34 secondes, comme Donovan Bailey, il va sans dire.

Au Village, la plupart des participants interrogés semblent avoir eux aussi préféré leur avant-midi. Souhaitons donc qu'il pleuve encore aujourd'hui... Non ? Ah, bon !

. . .

Que peut bien faire Odile Dumais au Grand Tour ? Du bicycle, comme tout le monde, bien entendu. Mais je veux dire, pourquoi une fille qui a pris l'habitude d'aller prolonger ses hivers au pôle Nord, en avril, vient-elle se flanquer sur une bécane par 30 degrés ?

«C'est un exercice d'endurance que j'aime, répond-elle. Je trouve ça plus intéressant que d'aller m'étendre au bord de la mer.»

Diplômée en éducation physique et en nutrition du sport, Mme Dumais, en plus d'être chargée de cours à l'UQAM participe régulièrement à des expéditions dans le Grand Nord : Groenland, terre de Baffin, Alaska, Yukon. Elle agit d'ailleurs souvent comme guide lors de ces expéditions.

L'autre soir, après sa journée de vélo, elle a présenté à une salle bondée de «grandtouristes» des diapositives de quelques-uns de ses voyages.

Du Grand Tour, elle en dit le plus grand bien.

- Est-ce à la portée de monsieur et madame Tout-le-monde ?
- Oui, parce qu'on y travaille en endurance. Mais il faut s'être entraîné sérieusement avant. Et ça exige qu'on connaisse minimalement le fonctionnement de notre organisme.

Connaître le fonctionnement de son organisme, ça veut dire savoir s'alimenter et s'hydrater. Il ne faut jamais attendre d'avoir soif, explique-t-elle. Parce que quand les récepteurs de la soif sont stimulés, les cellules sont déjà déshydratées.»

Il faut boire tout le temps selon Odile Dumais. «Des journées de vélo, je peux facilement boire six litres d'eau.»

Pour elle, ces journées consécutives d'activité physique sont une excellente façon de «faire le ménage de notre corps».

- Et les calories ?
- Une journée de Grand Tour, une petite madame qui brûle normalement 1800 ou 2000 calories peut en brûler 3500.

. . .

Aujourd'hui, l'étape la plus longue (autour de 150 kilomètres) : Joliette-Rigaud. La madame va en brûler, des calories !