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À chacun son vélo
Les Québécois sont des maniaques incontestés de la bicyclette. Leur passion, qui ne se dément pas, fait vivre une industrie qui tourne à plein régime. L'an dernier, 625 000 bicyclettes ont été vendues pour des recettes totalisant 200 M$.
C'est aussi au Québec qu'on retrouve les trois plus importants fabricants de vélos : Groupe Procycle, à Saint-Georges de Beauce, Raleigh, à Waterloo, dans les Cantons-de-l'Est, ainsi que Victoria Précision, dans l'est de Montréal.
Spécialisation
C'est sans compter les nombreux fabricants qui se spécialisent dans les vélos haut de gamme. On retrouve dans ce groupe Cycles Devinci, à Saguenay, Cycles Marinoni, Guru et Cycles Balfa.
Marinoni a ouvert la voie aux fabricants de vélos de qualité, dès 1974. Un autre petit fabricant, Gervais-Rioux, boulevard Saint-Laurent, tire son épingle du jeu dans un marché hautement compétitif.
Le secteur manufacturier génère à lui seul 1500 emplois.
« C'est au Québec que les bases de l'industrie sont les plus solidement implantées. Les ventes ne cessent d'augmenter.
« On constate que les adeptes du vélo sont prêts à payer de plus en plus cher pour rouler avec des bicyclettes de plus en plus techniques », souligne Jean-François Pronovost, directeur général de Vélo Québec.
Il n'est plus rare de voir un cyclotouriste rouler avec un vélo de route qu'il aura payé de 2 000 $ à 3 000 $. Pour un vélo monté sur un châssis en titane, un matériau ultraléger, il faut s'attendre à payer jusqu'à 8000 $.
Tendances
« Les cyclistes ont des besoins de plus en plus pointus. Ils veulent des vélos de qualité, et ils y mettent davantage le prix », confirme Pierre Primeau, propriétaire de Pierre Primeau Vélos, à Laval.
Il observe un autre phénomène, qui prend de l'ampleur depuis cinq ans.
« Les vélos coûtent plus cher, et nos clients optent souvent pour le financement afin d'étaler les versements sur 24 mois », dit-il.
Budgets parfois limités
Ainsi, l'an dernier, à sa boutique de Laval, il a financé (avec le programme Accord D de Desjardins) la vente de vélos pour un montant dépassant les 80 000$.
C'est qu'en matière de bicyclette, les budgets de certains cyclistes sont parfois illimités.
« Je vois des clients payer jusqu'à 5 000 $ pour un vélo haut de gamme. Il y en a pour tous les goûts, mais il faut admettre que l'engouement pour le vélo contribue à faire augmenter nos ventes», ajoute Pierre Primeau.
En 2001, les ventes ont progressé plus de 10 % - le Québec a été la seule province canadienne à améliorer ses résultats - tandis qu'aux États-Unis, la baisse des ventes a dépassé les 20 %.
Repères
Le Prix moyen des vélos est passé de 240 $, en 1995, à 310 $, l'an dernier...
Les cyclistes québécois ont la réputation de dépenser beaucoup d'argent pour l'entretien. Chaque année, plus de 30 M$ sont ainsi consacrés à cette fin...
Les marchands spécialisés continuent d'avoir la cote auprès des amateurs de vélo, où 40% des ventes sont réalisées...
On dénombre 700 points de vente de vélos au Québec, dont 450 boutiques spécialisées et magasins de sport, ainsi que 250 magasins à grande surface, selon l'étude portant sur l'état du vélo au Québec...
Une statistique étonnante : plus ils sont riches et scolarisés, plus les Québécois s'adonnent à la pratique du vélo. L'an dernier, les adeptes de la bicyclette ont pédalé sur l'impressionnante distance de 1,7 milliard de kilomètres...
Six adultes sur 10, au Québec, possèdent au moins une bicyclette...
En 2000, on dénombrait 4,2 millions de vélos d'adultes et 1,3 million de vélos pour enfants, dans le groupe des 4-17 ans...
Les « vélodollars » des cyclotouristes font vivre l'industrie récréo-touristique. Les adeptes du vélo qui voyagent dépensent plus de 100 $ par jour dans leurs déplacements...
entreprises |
nombre |
production |
ventes |
Groupe Procycle | 375 | 350 000 | 70 000 000$ |
Raleigh | 300 | 300 000 | 60 000 000$ |
Victoria Precision | 250 à 300 | 250 000 | 50 000 000$ |
Cycles Devinci | 40 | 6630 vélos 1370 cadres |
5 000 000$ |
Cycles Marinoni | 15 | 1 250 | 2 500 000$ |
Guru | 13 | 1 200 | 2 400 000$ |
Cycles Balfa | 8 | 500 | 1 000 000$ |
Daniel Beaudoin a prévu un budget
pour aller au boulot en vélo
Daniel Beaudoin, 47 ans, vient de remplacer son "vieux" Raleigh, un hybride payé 300$, par un Giant touring à un peu plus de 1 000$
« J'ai décidé que je pouvais me gâter. J'ai eu le coup de foudre pour ce vélo, qui a un cadre en aluminium, qui est donc plus léger et plus rapide », raconte-t-il.
Le vélo, au Québec, c'est une affaire de 200 millions par année. C'est si alléchant qu'on a développé toutes sortes de programmes de financement, tout comme dans l'automobile.
Ainsi, la bécane neuve de Daniel Beaudoin est sur la finance. Il en a financé l'achat chez Desjardins, qui offre le programme Accord D en collaboration avec des marchands-membres participants.
Ainsi, pour son vélo à 1049$ avec les taxes, il versera environ 50 $ par mois pendant 24 mois.
« Le vélo fait partie de mon quotidien et j'y consacre un budget important. J'ai opté pour la formule des versements mensuels pour m'acheter un vélo à mon goût et pour pouvoir en jouir immédiatement», dit-il.
Financement
Il est conscient que le taux de financement obtenu avec Desjardins (13 % avec Accord D) est plus élevé qu'un simple prêt personnel, à 8-9 %, ou l'utilisation de sa marge de crédit bancaire, par exemple, à un taux qui peut démarrer à 5,5 %.
« Je n'ai pas soupesé la question. J'étais au magasin. Je voulais mon vélo. C'était plus simple et plus rapide de régler sur place avec le financement disponible.
« Mais il s'agit tout de même d'une somme que je peux rembourser à ma guise », explique-t-il.
Travail
Il faut comprendre que Daniel Beaudoin fait partie de ces cyclistes qui font du vélo avec grand sérieux.
Chaque matin, il enfourche sa bécane - il habite le quartier Pont- Viau, à Laval - pour se rendre au travail.
Il roule une vingtaine de kilomètres et il arrive, une demi-heure plus tard, à l'angle de Jean-Talon et Pie-IX, au commerce de peinture Gorak, où il est vendeur.
« Je suis ce qu'on peut appeler dans le jargon un commuter. Pour moi, la bicyclette, c'est un moyen de transport, au même titre que les automobilistes qui utilisent leur véhicule pour aller travailler. Je fais très peu de vélo les fins de semaine », dit-il.
Entretien
Mais si Daniel Beaudoin roule en toute sécurité, c'est parce qu'il y met le prix pour l'entretien de ses bécanes.
« Je peux dépenser jusqu'à 150$ par année pour remplacer les patins de freins et pour faire effectuer une mise au point complète. À chaque printemps, je fais démonter et remonter mon vélo (chez Pierre Primeau Vélos) », dit-il.
Il a également investi dans sa « tenue vestimentaire », de façon à faire du vélo dans un confort relatif, beau temps, mauvais temps.
La facture pour l'achat d'imperméables, coupe-vent, pantalons, jerseys, gants, bas et tout l'attirail du parfait cycliste urbain: 1000 $.
« Mais toutes ces dépenses ne sont rien si je comptabilise les avantages de pédaler jour après jour pour ma santé et ma condition physique.»
Comme on le voit, les sommes consacrées à ce moyen de transport ou encore à cette activité sont très importantes. Et il y a beaucoup d'argent à épargner si on choisit le bon plan de financement au moment d'assouvir sa passion. Suffit de prendre au moins autant de temps à magasiner sa finance que son vélo...
Qui sait, avec les économies réalisées, vous pourrez peut-être vous offrir ce fameux cuissard!
La menace de voir les fabricants chinois inonder le marché canadien avec leurs bicyclettes bon marché est plus présente que jamais.
Depuis deux ans, les ventes de vélos en provenance des pays asiatiques sont en forte progression, avec un niveau qui a atteint les 600 000 unités, l'an dernier, au Canada.
Aux États-Unis, l'invasion asiatique a fait des ravages, au point où les fabricants américains, qui produisaient 8 millions de bicyclettes par année, il y a quatre ans à peine, n'en produisent plus que 500 000.
« Nos voisins américains n'ont pas su réagir à temps face à la menace asiatique, et leur industrie s'est désagrégée.
« Au Canada, si on laisse entrer les vélos produits en Asie sans surveiller nos intérêts, c'est 30 % de notre industrie qui va disparaître », explique Raymond Dutil, président du Groupe Procycle, le fabricant de vélos CCM-Mikado et Peugeot, à Saint- Georges de Beauce.
Il estime qu'au moins deux fabricants pourraient devoir fermer leurs portes si la taxe antidumping était abolie.
Il dit ne pas craindre pour la survie de Procycle, le plus important fabricant avec 350 000 unités, 375 employés et des ventes estimées à 70 M$ annuellement.
Procycle est aussi propriétaire du fabricant de Vancouver, Rocky Mountain, spécialisé dans les vélos de montagne, et qui exporte 60 % de sa production aux Etats-Unis.
M. Dutil connaît bien le dossier touchant les droits antidumping. En décembre prochain, il défendra la cause des fabricants canadiens devant le Tribunal du commerce canadien, qui rendra une décision sur la pertinence de maintenir la taxe antidumping de 66 % sur les vélos de moins de 650 $ venant d'Asie.
Cette taxe a été instaurée il y a dix ans pour protéger l'industrie canadienne du vélo face à la menace asiatique.
« En réalité, les fabricants d'Asie (surtout en Chine) n'ont pas à payer une telle taxe s'ils vendent leurs vélos à leur juste valeur sur le marché canadien », précise Raymond Dutil.
Production
Il n'est pas sans ignorer qu'à l'échelle mondiale, il y a une surcapacité production de vélos, d'où l'importance de maintenir des barrières dissuasives.
À l'échelle mondiale, la Chine est au premier rang avec une production phénoménale de 42,7 millions d'unités, suivie de l'Inde, avec 11 millions d'unités, de Taiwan, avec 8,3 millions et du Japon, avec 5,6 millions.
Taïwan exporte la quasi-totalité de sa production, tandis que la Chine cherche constamment de nouveaux marchés pour écouler sa production.
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