28 avril 2002

À VOTRE TOUR


Philippe Riondel
photo : Alain Roberge

À l'approche de l'été et alors que nombre d'entre nous sont en train de graisser la chaîne de leurs vélos et les roues de leurs patins à roues alignées, je voudrais faire état de mon cahier de doléances pour la belle saison qui s'en vient. En rêvant d'être entendu, bien sûr...

Je suis usager du réseau routier et de pistes cyclables à la fois comme cycliste et patineur.

Malheureusement, les abus et autres incohérences que j'y ai constatés au fil du temps obligent à faire le constat qu'il y règne une certaine anarchie, de nature à perdre le plaisir de pratiquer ces activités. Ces types de déplacements riment avec liberté, et cette dernière devrait inclure la possibilité de rouler sans menace.

Ceci m'amène à la conclusion qu'il nous est nécessaire, en temps que rouleurs sportifs, de revendiquer non seulement des droits mais aussi des obligations.

Ainsi, certains se déplacent sur les pistes cyclables d'une façon criminelle et il serait bon de respecter un code de conduite minimum sur ces pistes cyclables. Deux types d'excès s'y constatent: la vitesse (eh oui, là aussi!) et les dépassements dangereux.

On croise à longueur de temps des épais, sans le talent, qui se prennent pour Lance Armstrong (y compris le déguisement) et qui se permettent des pointes à 40 km/h au milieu des usagers qui roulent pour se détendre. Quelqu'un peut-il leur rappeler que les pistes des parcs, telles celles du parc Maisonneuve, ne sont pas des vélodromes? On trouve d'ailleurs le long du canal Lachine des panneaux de limitation à 20 km/h. Il serait peut-être bon qu'on les fasse respecter.

Et puis trop de cyclistes doublent, sur ces voies privilégiées, au mépris des usagers venant en face, et obligeant ceux-ci, pourtant dans leur bon droit, à se serrer pour éviter ces bombes roulantes. Un choc entre cyclistes ou patineurs à une vitesse cumulée de 40 km/h peut tuer, faut-il le rappeler? C'est triste à dire, mais je commence à appréhender de rouler en ces lieux et à y trouver de moins en moins de plaisir. J'ai frôlé l'an dernier plusieurs accidents graves à cause de ces fous roulants et je me demande s'il faudra un accident mortel pour qu'on prenne conscience de ce problème.

Code de conduite
Il y a trop d'adeptes de ces activités pour que les pouvoirs publics continuent plus longtemps de se désintéresser de la sécurité qui les entoure. D'autant plus qu'en cas d'accident, c'est la communauté qui paie. En revanche, pour rester crédibles, aux yeux des pouvoirs publics, et pour éviter qu'ils nous imposent du n'importe quoi, comme le casque (ce jour-là, je raccrocherai pour de bon ma bicyclette), il faudrait que nous ayons un code de conduite minimum et que, cyclistes comme patineurs, nous nous comportions de façon plus adulte:
- ne pas prendre les rues dans le sens interdit, - comprendre que lorsqu'ils sont sur un trottoir, ils doivent s'effacer devant le piéton et non l'inverse;
- respecter les feux rouges ou à tout le moins d'observer la plus extrême prudence en les brûlant - je suis toujours sidéré de voir l'inconscience de ceux qui arrivent sans ralentir aux lumières rouges.

Je n'aime pas beaucoup faire appel à la peur du gendarme pour ramener les gens à la raison, mais il se trouve que le plus grand nombre pâtit du comportement de ces quelques excités qui sentent qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent en toute impunité.

Je rêve également de voir la courtoisie des automobilistes vis-à-vis des cyclistes - et aussi des piétons - qui malheureusement tend à disparaître (surtout chez les taxis), redevienne ce qu'elle était.

Par ailleurs, il faudrait peut-être admettre aujourd'hui que les cyclistes et patineurs ont beaucoup à partager et que cela se traduise dans les faits. Ces deux communautés, où on retrouve d'ailleurs souvent les mêmes personnes, ont en commun un même goût de l'exercice, du plein air et de la liberté, et se déplacent sur les mêmes réseaux, souvent à vitesse et encombrement équivalents. Leur cohabitation doit dès lors devenir plus conviviale et leurs actions en vue de leur développement doivent être plus concertées.

Pistes à suivre
Sans que cela soit exhaustif, on pourrait citer quelques orientations:
- Exiger, lors de la création de nouvelles pistes, un peu plus de concertation ou de sens pratique, de façon à éviter des hérésies comme la Place des cyclistes, au parc Lafontaine, qui a été réalisée en pavés autobloquants, véritables pièges pour les patineurs à roues alignées. À ce chapitre, le Vieux-Port devraient être revue dans sa partie orientale.
- Il faut exiger un meilleur entretien des pistes cyclables. En créer, c'est bien, mais si c'est pour les laisser retourner au chaos par négligence, c'est vain. Je pourrais ainsi citer, sur la piste cyclable de Rachel, une zone sale et dangereuse qui depuis trois étés n'a jamais été nettoyée: honte aux cols bleus! (J'envisage d'ailleurs d'aller y faire moi-même leur travail au cours du printemps.)
- Il serait bon que les piétons évitent de fréquenter les pistes cyclables, surtout avec des poussettes, et circulent, lorsqu'ils ne peuvent faire autrement, à gauche de façon à se serrer lorsque arrive un cycliste ou un patineur.
- Pourquoi ne pas diffuser, en commun, et avec l'aide du MTQ un livre blanc ou bleu du savoir rouler?

Toutes ces idées, ne sont pas irréalistes, elles obéissent simplement au bon sens, elles sont faciles à mettre en oeuvre et pourraient grandement contribuer à ce que le plaisir de rouler en liberté ne disparaisse jamais.
Philippe Riondel
Montréal

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Voici un commentaire à cette lettre.


page mise en ligne le 28 avril 2002 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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