la rivalité Bessette-Jeanson

12 mai 2001

Y'en n'aura pas de facile!

Et si on calmait le pompon ?

Fernand Bélanger

La petite guerre en sourdine entre Geneviève Jeanson et Lyne Bessette qui sévit depuis les Jeux olympiques de Sydney a trouvé un autre écho cette semaine par des propos aigres-doux du vétéran collègue Pierre Foglia dans sa chronique.

Blâmant l'agence Diapo qui transmet des résultats et des réactions de plusieurs athlètes en sport amateur, Foglia en profite pour régler des comptes avec Diapo et surtout avec Lyne Bessette, mais sans nommer la cycliste olympienne de 26 ans.

Foglia s'étonne qu'une coureuse soit contente de terminer à 17 minutes de la gagnante (en l'occurence Geneviève Jeanson dont le nom n'est pas mentionné lui non plus malgré sa victoire).

Il oublie toutefois de faire une mise en contexte journalistique importante en omettant le fait que Bessette en était à sa première course importante depuis sa fracture à la clavicule subie à Redlands à la mi-mars.

Pas de nouvelles
Cette façon de procéder de notre collègue est facilement explicable, et ce pour quelques motifs. Aucun média n'a eu de nouvelles de Lyne Bessette lors des championnats mondiaux en octobre dernier en Bretagne alors qu'elle a mis le pied à terre pendant la course. Il faut reconnaître que l'athlète de Knowlton n'a alors pas aidé sa cause à cette occasion.

Cela s'ajoute au débat dans les médias entre les partisans des deux athlètes qui a sévi lors de la querelle entre les deux cyclistes et leur entourage aux Jeux olympiques de Sydney. Ce débat n'a pas toujours atteint un niveau fort élevé, les jérémiades et les invectives de part et d'autre repoussant à l'arrière-plan la défaillante préparation d'équipe et la tactique de course également déficiente.

Qui a relevé le fait parmi les journalistes présents à Sydney que le vainqueur de la course masculine avait placé son attaque au même endroit du parcours que Bessette? Personne. Qui a questionné sur place les dirigeants de l'Association cycliste canadienne sur le fiasco de Sydney, non seulement dans les épreuves de vélo sur route mais aussi en vélo de montagne et sur la piste? Personne.

Ça donne quoi de se rendre à l'autre bout de la planète si on ne pose pas les vraies questions aux bonnes personnes? Il semble qu'on trouve là le coeur du faux débat qui a dérapé depuis Sydney...et perdure encore inutilement.

En baisse constante
On agit comme si le Québec ne devait compter qu'un seul athlète d'élite en cyclisme féminin alors que pour bien faire aux Jeux olympiques et à différentes compétitions internationales, le Canada a besoin d'au moins une demi-douzaine de coureuses de grand talent pour tenir la dragée haute aux meilleures équipes européennes.

J'en veux pour preuve le fait que le Canada occupe le 18e rang de l'Union cycliste internationale au 6 mai en incluant le rendement des cinq meilleures porte-couleurs. Ce résultat constitue une dégringolade de pas moins de huit rangs comparativement au classement paru en octobre 2000.

Il n'y pas de quoi pavoiser ou s'accrocher dans des chicanes futiles lorsque l'on traîne de la patte derrière la Finlande et la Norvège tout en devançant la Nouvelle-Zélande, la République tchèque et...Saint-Marin!

Il me semble qu'à l'avenir, on devrait respecter le talent et la détermination de Jeanson et de Bessette et se concentrer sur le vélo.

On en a fait trop souvent un débat d'initiés, un débat de personnalités au lieu de renseigner les lecteurs sur les enjeux, la tactique de course, etc. Il faut enrichir les discussions en expliquant le pourquoi du comment au lieu d'en faire une lutte de clans.

Il faut placer les choses dans leur juste perspective, d'autant plus qu'il s'agit de la première saison complète où Jeanson et Bessette vont prendre part à plusieurs épreuves en même temps (Redlands, Gila, Coupe du Monde à Montréal, les championnats canadiens au Nouveau-Brunswick, le Grand Prix féminin international du Québec et les championnats du monde au Portugal).

De plus, Bessette se frottera à l'élite internationale à trois importantes courses par étapes, au Tour cycliste de l'Aude en France, à la Classique Hewlett-Packard aux États-Unis en juin et au Tour de Suisse féminin en septembre de même qu'à l'étape de la Coupe du Monde en Suisse. Le calendrier de compétitions de Jeanson en comparaison se limite au Canada et aux États-Unis.

Il sera toujours temps à la fin de la campagne de tracer les bilans qui s'imposent en tenant du différent coefficient de difficulté du calendrier des deux coureuses.

Point à la ligne.

À bon entendeur, salut!


page mise en ligne le 14 mai 2001 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVP@moncourrier.com