VÉLOPTIMUM
Les Championnats canadiens 2000

17 juillet 2000

Jeanson : «Les filles ont fait un travail extraordinaire»

Simon Drouin

Peterborough
Amenée au sprint par un train de luxe tiré par deux locomotives, Clara Hughes et Lyne Bessette, Geneviève Jeanson n'a pas raté sa chance de participer aux Jeux olympiques de Sydney en teminant première des cinq coureuses préqualifiées, hier à Peterborough, lors des championnats nationaux de course sur route.

En soirée, le comité de sélection de l'Association cycliste canadienne se réunissait pour procéder au choix des deux autres coureuses qui iront à Sydney. À moins d'une surprise de taille, Bessette et Hughes, membres de l'équipe Saturn, apprendront ce matin qu'elles accompagneront Jeanson au grand rendez-vous de septembre prochain. Dans un scénario de course qu'on jurerait avoir été orchestré par Jacques Lemaire (la trappe, mes amis, la trappe ...), les cinq coureuses qui avaient obtenu leurs standards de qualification ont joué au jeu du chat et de la souris et ne se sont pas lâchées d'une semelle. Quelques rares attaques ont été placées par l'une ou l'autre, mais aucune n'a fonctionné.

Pendant que Sandy Espeseth, de Victoria, filait dans l'indifférence vers le titre national, quelque sept minutes plus loin, les cinq préqualifiées se battaient pour l'enjeu ultime, un poste pour les J.O.

À quelques kilomètres de l'arrivée, les équipes Elita et Intersports ont pris la tête d'un peloton d'une vintaine de coureuses en espérant que leurs sprinteuses qualifiées, Annie Gariépy, de Bromont, et Anne Samplonius, puissent causer une surprise au sprint.

C'était sans compter sur la puissance et l'expérience de Clara Hughes, 27 ans, de Victoria. À 300 mètres de l'arrivée, pendant que Samplonius et Gariépy étaient coincées à droite avec d'autres coureuses, Hughes s'est déportée de l'autre côté, amenant dans sa roue Bessette et Jeanson.

Le tour était joué. Sous les encouragements de Lyne (Lets go Geneviève !), Jeanson a donné le coup de rein final pour devancer dans l'ordre Bessette, Hughes, Samplonius et Gariépy.

Après la course, les deux équipières de Saturn ont avoué qu'elles avaient quelque peu «anticipé» cette victoire de la jeune sensation de Lachine. «Après deux tours, on a parlé de ça à Geneviève, a expliqué Bessette, tout sourire, quelques instants après la course. On voulait définitivement prouver qu'on pouvait travailler en équipe. De toute façon, on n'aura pas le choix de travailler ensemble si on veut gagner des médailles aux Olympiques.»

Vers le 84e km, Jeanson a essayé sans succès de se détacher de ses poursuivantes. «J'ai lancé une bonne attaque mais la côte n'était pas très longue, et je me suis rendu compte que ce n'était pas une bonne idée de partir toute seule», a-t-elle expliqué aux nombreux membres des médias qui l'entouraient après son arrivée.

« Au sprint, les filles de Saturn ont fait un travail extraordinaire. Elles m'ont bien conseillée en me disant d'attendre», a souligné Geneviève en ajoutant avoir été «surprise et enchantée» de l'aide fournie par Bessette et Hughes. «Je savais que je devais gagner. J'ai connu un bon début en prouvant ma force au contre-la- montre. Aujourd'hui, j'ai complété.»

17 juillet 2000

De bons mots pour Geneviève

Simon Drouin

Avec Geneviève Jeanson, Lyne Bessette et Clara Hughes dans ses rangs, le Canada devrait compter sur trois des meilleures cyclistes au monde lors des Jeux de Sydney. Avant même de connaître le choix officiel du comité, les deux membres de l'équipe Saturn ne se sont pas gênées pour vanter les mérites de celle qu'elles ont aidé à franchir la première la ligne d'arrivée.

«Geneviève est prête, elle a fourni ses meilleurs efforts, a affirmé Lyne. Elle est une bonne personne et une excellente athlète. Elle a compris qu'être conservatrice c'est bon, parce que ça te permet d'avoir du gaz à la fin. Je pense que maintenant elle est plus forte.»

De son côté, Clara Hughes qui, si la logique est respectée, en sera à ses deuxièmes J.O., estime que le Canada est en bonne position pour espérer remporter des médailles. «On aura l'une des équipes les plus fortes à Sydney, a-t-elle prédit. On savait depuis un bon bout de temps que l'on voulait Geneviève avec nous. En fait, depuis ses victoires au Tour de Snowy et à la Flèche Wallone, c'était évident. Aujourd'hui, elle a prouvé qu'elle était une fille intelligente. J'ai beaucoup de respect pour elle.»

Pour Geneviève Jeanson, il ne fait aucun doute que «c'est la meilleure équipe» qui représentera le Canada : «On est trois athlètes incroyables et on aura une bonne équipe à Sydney.» Elle a aussi tenu à souligner qu'elle s'est toujours bien entendue avec Lyne Bessette, contrairement à ce que plusieurs avaient pu penser. «Même si on ne se connaît pas beaucoup, on a toujours été en très bons termes.»

Avant de se quitter, les trois futures olympiennes se sont réunies pour une photo de «famille». Cette belle unanimité laisse présager de bien belles choses pour le cyclisme féminin canadien à Sydney. Qui sait, la course d'hier représentait peut- être la générale avant la grande première...

17 juillet 2000

À 36 ans, Lukaszewicz s'en va aux Jeux


Pour Czeslaw Lukaszewicz, au centre, la rêve devient enfin réalité. Il sera à Sydney, tout comme Gord Fraser (à gauche) et probablement Brian Walton (à droite).

Simon Drouin

Vendredi dernier, il avait dit que sa seule chance d'aller aux Jeux olympiques était de gagner les championnats nationaux de course sur route. Czeslaw Lukaszewicz, 36 ans, a répondu de belle façon en franchissant le premier le fil d'arrivée après avoir placé une attaque irrésistible à une vingtaine de kilomètres de l'arrivée, hier à Peterborough.

Lukaszewicz remportait ainsi un quatrième titre national sur la route et, surtout, s'assurait une place au sein de l'équipe olympique. «Je suis heureux que ce sait fini», a-t-il lancé quelques secondes après avoir franchi les 224 kilomètres en 5 h 17 minutes 33 secondes, soit 1 m 42 s devant l'Ontarien Gordon Fraser. Brian Walton, de la Colombie-Britannique, a pris le troisième rang, à six secondes de Fraser.

Appuyé sur son vélo, celui que l'on surnomme Luka semblait trop fatigué pour réaliser pleinement ce qui venait de lui arriver. «Je ne comprends pas trop. Je suis content d'être ici, mais je ne sais pas comment réagir, a dit le père de deux jeunes enfants et résidant de Châteauguay. Je n'avais pas planifié ce coup. Je voulais simplement faire de mon mieux et être mort à la fin. Il s'agissait de mon troisième essai à des sélections olympiques. C'était ma dernière chance.»

Fidèle à son habitude, Luka, membre des Espoirs Laval, s'est enfui en solitaire à une vingtaine de kilomètres de l'arrivée. Il avait d'abord accompli tout un travail pour faire la jonction avec un petit groupe qui incluait notamment Fraser, Walton et Dominique Perras. Lukaszewicz a patienté quelques minutes avant de se sauver. Les autres ne devaient plus le revoir.

Accompagné de l'Albertain Paul Kelly, Walton a tout tenté pour reprendre le meneur, mais ses efforts se sont avérés insuffissants. Fraser était avec eux, mais il n'avait plus les ressources pour faire sa part du travail. Il faut dire qu'il venait de se taper une échappée de près de 190 kilomètres avec Perras et un autre coureur.

Au moment d'écrire ces lignes, les membres du comité de sélection de l'Association cycliste canadienne discutaient toujours dans un restaurant de Peterborough. On sait toutefois que Luka et Fraser, le premier Canadien au classement UCI, seront de l'équipe. Tout indique que le vétéran Brian Walton sera lui aussi de la partie. Le choix du quatrième et dernier élu sera connu ce matin.


une page mise à jour le 17 juillet 2000 par SVP