VÉLOPTIMUM |
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29 mai 2000
La pression de courir devant son public et le manque d'expérience de Geneviève Jeanson lui ont valu de devoir se contenter du 24e rang dans cette course très relevée où elle faisait figure de favorite.
«Je voulais trop bien faire», a avoué la jeune cycliste de Lachine, les yeux encore rougis, alors qu'elle signait des casquettes sur le belvedère de la voie Camillien-Houde.
«J'y pensais tellement que j'oubliais la course.
«Quand Pia a porté son attaque décisive, je n'ai pas été capable de répliquer. C'était une attaque franche, portée au bon moment. Il restait quatre tours mais, dans ma tête, c'était fini. C'est une des leçons dont je veux me rappeler, à savoir qu'une course n'est pas finie quand il reste encore autant de tours.»
Étonnamment, Jeanson et son entraîneur André Aubut n'ont pas voulu se servir d'une excuse reliée à la forme physique. Cependant, Le Journal de Montréal a appris de Pierre Barakett, patron du Club Médico-sportif dont Jeanson portait les couleurs, que la jeune femme a souffert de la grippe toute la dernière semaine.
«Ça l'a affaiblie physiquement, a dit Barakett. Geneviève n'avait pas de zip dans la course. En temps normal, elle aurait pu sprinter plus fort et plus longtemps.»
Bien des observateurs aguerris ont aussi remis en question la stratégie de Jeanson de demeurer en tête du peloton pendant les huit premiers tours.
«Elle a brûlé des cartouches, a fait remarquer Gervais Rioux, ex- cycliste d'élite. Ça aurait été bien plus relaxe si elle s'était postée un peu plus en arrière.»
Même son de cloche de la part de Jacques Landry, entraîneur national de développement.
«Geneviève va devoir apprendre à courir intelligemment, a-t-il dit. C'est d'autant plus important que Lyne et elle portent d'énormes pancartes dans le dos. Elles sont dangereuses et toutes les autres cyclistes le savent. Pour s'en sortir, il faut qu'elle devienne rusée, une vraie bonne tacticienne.»
Dans le camp Jeanson cependant, la thèse de l'anxiété paralysante était de rigueur.
«Geneviève a 17 médailles d'or à la maison mais, samedi soir, c'était la première fois queue n'a pas été capable de coucher à la maison tellement elle était nerveuse», a dit son père Yves.
De tous bords de tous côtés, on estimait cependant qu'une première défaite de taille était peut-être ce qui pouvait survenir de mieux à Jeanson à ce stade de sa carrière.
«Geneviève m'impressionne beaucoup, c'est une grande championne en devenir, a fait remarquer l'Australienne Tracey Gaudrey, gagnante en 1999 et sixième en 2000. En cyclisme, il y a des gens qui croient qu'ils peuvent tout faire seuls parce qu'ils débordent de talent. Puis, ils apprennent que ce n'est pas possible. Geneviève est rendue là.»
Pour la jeune Lachinoise, la Coupe du monde de Montréal était la dernière compétition avant le championnat canadien de la mi- juillet où on effectuera la sélection des trois cyclistes qui représenteront le Canada aux Jeux olympiques de Sydney.
«Je serai prête», a-t-elle promis.
page mise à jour le 29 mai 2000 par SVP