VÉLOPTIMUM
Le Grand Prix féminin international du Québec 1999


sur le podium Lyne Bessette, Annie Gariépy et Emily Robbins
cette photo est une gracieuseté de Dominique Beaudoin

Classement général

1- Annie Gariépy, Élita, 12h 20m 13
2- Lyne Bessette, Saturn, 12h 20m 46
3- Emily Robbins, Saturn, 12h 26m 23
4- Mélanie Dorion, Élita, 12h 27m 06
5- Dede Demet, Saturn, 12h 27m 16
6- Cybil Di Guistini, Élita, 12h 28m 10

30 août 1999
Annie Gariépy jusqu'au bout

PIERRE FOGLIA

La chose était entendue depuis samedi : Annie Gariépy a remporté le Grand Frix cycliste féminin 1999, la plus importante victoire de sa carrière. Classée comme une bonne équipière, de plus en plus attirée par la piste, Annie avait souvent montré ses limites sur la route, surtout quand cette route monte. Bref, on ne l'imaginait pas remporter une course de cinq jours, aussi sélective que le Grand Prix féminin international. On ne l'imaginait surtout pas battre des Bessette, des Clara Hughes, des Anne Samplonius et des Linda Jackson, toutes frappées de la feuille d'érable, toutes des piliers de l'équipe nationale. On tenait la Gariépy en si mince estime depuis quelque temps qu'on ne l'avait même pas retenue pour ces jeux de seconde zone que sont les Jeux panam.

C'est vous dire si Annie Gariépy souriait hier du sourire de la souris qui a bouffé le chat.

Elle a forgé son succès dans la première étape en prenant deux minutes et demie au peloton qui, entre vous et moi, s'en fichait bien à ce moment-là. Tout le monde savait que la Gariépy se ferait larguer dans les bosses du lendemain. Tout le monde se trompait : elle a tenu, ne cédant que 30 secondes à une Lyne Bessette pourtant impériale ce jour-là.

" Ouais, mais regardez-la bien exploser demain, dans la montée de sept kilomètres du mont Sutton ! ». Tout le monde s'est encore trompé. C'est justement dans le mont Sutton que i la Gariépy a scellé sa victoire. Bessette a attaqué, Gariépy l'a suivie, ou presque. Dix secondes, c'est tout ce qu'elle a cédé à une Lyne Bessette dépitée en dépit de sa victoire, si dépitée qu'elle a dit à son coach en descendant de vélo : " it's set up ». Traduction française : the carrots are cooked.

Restait le samedi mais le samedi Lyne Bessette n'a pas donné un coup de pédale pour renverser la vapeur et refaire son retard. Le dimanche, elle m'a très gentiment engueulé à cause du titre dans La Presse. " Lyne Bessette n'y croyait plus ». Lyne vous fait dire qu'elle y croyait, mais apparemment, son coach, beaucoup moins.

What ever. Hier, dans le contre-la-montre de Brigham, Bessette, une des meilleures au monde dans cette spécialité a réussi un truc canon à plus de 44 km à l'heure, retranchant 63 secondes à l'avance de Gariépy. Comme cette avance était de 95 secondes avant le contre-la- montre, je me dis que forcément il y a quelqu'un qui ne sait pas compter quelque part. Il n'y a pas une excuse qui tienne et n'en déplaise au coach de Lyne, 32 secondes c'était jouable, samedi.

Mais bon, tout finit très bien. Gariépy mérite un million de fois sa victoire. Cinquième hier matin dans un exercice qui n'est pas du tout le sien, elle nous a encore surpris en devançant des spécialistes du contre-la-montre comme Linda Jackson et Dede Demet. Gariépy se sera battue jusqu'au bout, défendant chaque pouce de terrain du bec et des ongles, et elle mérite de loin notre première étoile, qu'elle partagera avec toute son équipe, l'équipe Élita, Mélanie Dorion, Di Guistini, Sarah Ulmes, Kim Langton, et Sophie St-Jacques pour leur combativité et leur intelligence de la course.

La seconde étoile à Jean Lessard et Angèle Fortin qui portent ce Grand Prix féminin à bout de bras et sont en train d'en faire un événement unique dans le calendrier cycliste. Cette année cinq superbes journées de vélo. Samedi à Bedford, en arrivant au terrain de l'exposition, en voyant l'estrade, les tentes de service, les bénévoles qui couraient partout, je vous jure, j'ai eu le flash d'une version bucolique du Tour de France.

La troisième étoile enfin à Lyne Bessette pour ses trois victoires d'étape (tout de même !).

Note... Le contre-la-montre était suivi, à Cowansville, d'un critérium qui n'a rien changé. Cette dernière étape a été remportée par Clara Hughes.



photo : Dominique Beaudoin


30 août 99

Gariépy l'emporte devant Bessette

Cowansville (PC)
« C'est ma plus belle victoire dans une course par étapes. Je ne réalise pas tout à fait ce qui m'arrive. Le travail de mes coéquipières a été très important.»

La Bromontoise Annie Gariépy (Élita) était rayonnante après avoir décroché la première place au classement du troisième Grand Prix féminin international du Québec hier après-midi à Cowansville.

Gariépy se présentera gonflée à bloc à l'étape de la Coupe du monde à Cali en Colombie, en fin de semaine.

« J'ai fait un gros programme d'entraînement sur piste et cela m'a beaucoup aidée au Grand Prix. Le fait de rouler dans ma région m'a donné des ailes », a ajouté Gariépy.

Fait à souligner, Gariépy n'a remporté aucune étape et aucune de ses collègues n'a pu accéder à la plus haute marche du podium. Les représentantes d'Élita n'ont gagné aucune bataille, mais le fait important est qu'elles ont gagné la guerre...

Besssette coriace

La nouvelle championne a complété l'épreuve avec un chrono cumulatif de 12 heures 30 minutes et 19 secondes.

Elle a devancé Lyne Bessette, de Lac-Brome, de seulement 33 secondes.

Bessette a bataillé jusqu'au dernier moment. Elle est partie comme un boulet de canon lors du dernier critérium.

Gariépy et Sarah Ulmer l'ont suivie.

Ses beaux efforts ont été vains puisqu'une chute survenue au départ impliquant Linda Jackson, de la formation Timex et Emily Robbins (Saturn), a entraîné au sol une dizaine de concurrentes.

Jackson, qui a été blessée à une épaule, n'a pas été en mesure de renouer avec la compétition et Robbins s'est faufilée au troisième rang du classement général.

La Québécoiise Mélanie Dorion a pris le quatrième rang devant l'Américaine Dede Demet, championne du Grand prix en 1997.

« C'est ennuyeux parce que ma stratégie a été connue à ce moment-là. Je ne pouvais plus surprendre les autres», a noté Bessette, qui abtenu le trophée décerné à l'athlète la plus combative de la compétition.

Bessette était aussi heureuse d'avoir réussi à se qualifier pour le contre-la-montre des championnats mondiaux avec sa victoire de la matinée à Brigham.

« J'ai beaucoup travaillé sur le contre-la-montre au cours de la dernière année et mes efforts ont été récompensés », a lancé Bessette qui participera aussi aux épreuves sur route à l'occasion des championnats mondiaux qui auront lieu en Italie en octobre.

Clara Hughes (Saturn) a enlevé la dernière étape, devançant au sprint Sarah Ulmer (Élita) et Anne Samplonius (équipe du Canada.

Le trophée de la meilleure athlète a été décerné à Cybil Di Guistini (Élita), qui a terminé au sixième rang du classement général.

La formation Élita a pour sa part a mis la main sur le trophée du classement général par équipe devant les clubs américains Saturn et Timex.


29 août 1999
Bessette n'y croyait plus

PIERRE FOGLIA

Dommage que Lyne Bessetle n'y ait pas cru. Je sais bien qu'elle revient de vacances et qu'elle est un peu juste question forme. Je sais bien que dans ce Grand Prix féminin elle prépare les championnats du monde qui auront lieu en Italie dans un mois et qu'elle ne doit rien précipiter. Mais il me semble qu'hier c'était une question d'honneur. Sinon d'honneur, de principe. Enfin quoi, c'est vrai, qui porte les culottes dans le peloton ? Gariépy ou Bessette ? C'est Bessette. Alors, il fallait qu'elle le montre. Qu'il soit aussi pratiqué par des filles ne change rien, le vélo est un sport de macho. On n'y échappe pas. La job de bras que les Elita font à la Bessette depuis trois jours méritait réparation. Bessette s'est dérobée. Dommage.

Le décor de la quatrième étape, courue hier autour de Bedford se prêtait pourtant à merveille à une dernière explication pour la victoire finale de ce Grand Prix féminim. Les côtes, mais surtout les longs faux-plats de la route des Vins, vent de face, se prêtaient à une belle partie de manivelles entre les Etita de Gariépy et les Saturn de Bessette. Elle n'a pas en lieu. On a eu droit à la place à une échappée au long cours, quatre puis deux qui, pendant 90 kilomètres ont caracolé trois minutes devant le peloton.

Une échappée au long cours ça peut être intéressant. Ça dépend si le peloton les laisse aller ou s'il court après. Hier, le peloton était cadenassé par les Elita qui ne laissaient sortir personne. Les Élita ont été encore une fois parfaites. Elles ont superbement protégé leur leader Annie Gariépy. Pour ce faire, elles avaient tout intérêt à ce qu'il ne se passe rien. Elles ont parfaitement réussi. On s'est emmerdé pendant 110 kilomètres.

C'est ça aussi le vélo, du calcul, de la tactique, de l'anti-course, comme on dit de l'anti-jeu au hockey.

Mais laissons le peloton à sa résignation, allons voir les deux filles devant. Une seule travaillait, l'Américaine Dede Demet coéquipière de Bessette. L'autre la toute jeune Ontarienne Cybil Di Guistini, coéquipière de Gariépy, refusait comme il se doit de prendre les relais. Bien abritée dans le fessier de Demet l'Ontarienne se laissait tirer. Cela devint indécent vers la fin quand plus rien ne justifiait la Elita de refuser de collaborer. Le vélo n'est pas seulement un sport de macho c'est aussi, par moments, un sport un peu cheapo.

En toute justice, l'Américaine l'emportait au sprint. Une troisième victoire d'étape pour les Saturn qui devraient en ajouter une quatrième dans le contre-la-montre de ce matin à Brigham, un contre-la-montre qui ne changera rien au classement général. La victoire finale est acquise pour Annie Gariépy, je ne n'imagine pas Lyne Bessette lui prendre une minute et demie sur 14 kilomètres ce matin.

La victoire d'Annie Gariépy est aussi inattendue que méritée, on ne l'avait jamais vue aussi combative ni déterminée, au point où des sélectionneurs disaient hier (tout bas, mais j'ai entendu) qu'ils la verraient bien à Vérone où se disputeront les championnats du monde sur route en octobre.

Pour revenir à l'étape d'hier, vous avez compris qu'elle fut la moins intéressante du Grand Prix fémonin jusqu'ici, mais le décor était toujours aussi magnffique et Bedford avait fait les choses en grand, avec des randonnées populaires pour les enfants et les grands. Quant à l'organisation, elle est toujours aussi irréprochable, même que j'invite le fonctionnaire qui se dit président de la fédération cycliste du Québec (ou serait-ce du Canada) à venir s'en rendre compte par lui-même, ça lui ferait quelque chose à raconter quand il agit comme analyste à la télé, va savoir, peut-être qu'il serait moins soporifique s'il prenait un peu l'air.


28 août 1999
Bessette gagne l'étape, mais Gariépy conserve le maillot de la meneuse

PIERRE HAMEL
collaboration spéciale

Lyne Bessette a remporté sa deuxième victoire consécutive au Grand Prix féminin, mais l'histoire du jour, c'est la formidable leçon de cyclisme qu'a donnée l'équipe Elita à un peloton un peu médusé.

Au départ de cette troisième étape, sans doute l'une des plus difficiles de ce Grand Prix, Annie Garlépy possédait une avance de 1 min 49 s sur Bessette et de 2 min 29 s sur Linda Jackson. On supputait donc les chances de la grande favorite, Lyne Bessette, de gruger des secondes, voire des minutes, sur l'avance de Gariépy au classement général. D'autant plus que l'arrivée au sommet de la station de ski de Val Sutton favorisait Bessette et Jackson.

Dès le départ, les équipes de Bessette et Jackson (Saturn et Timex) ont essayé à tour de rôle de provoquer des choses. Petites attaques, tentatives d'échappée, accélérations soudaines. Mais, à chaque fois, une des coureuses de la formation Elita (Annie Gariépy) prenait la roue de la fugueuse pour lui rappeler gentiment qu'elle n'avait pas l'intention de s'en laisser imposer. L'équipe de Gariépy a ainsi cadenassé le peloton jusqu'au 70e kilomètre. « Elles ont fait un travail formidable », a retonnu Gariépy après la course.

C'est sur la Scenic Road, à une vingtaine de kilomètres de l'arrivée que Bessette a choisi de passer à l'attaque. « Je n'avais pas le choix. Annie est dans une grande forme et je devais partir de loin pour essayer de gagner le plus de temps possible. » On a vite compris que la fin de l'étape serait une bataille à finir entre Bessette et Gariépy.

Bien appuyée par ses coéquipières, Mélanie Dorion et Cybil Di Guistini, Gariépy a résisté à toutes les accélérations de Bessette et de sa coéquipière Emily Robbins. Dans la longue ascension finale (8 km) vers Val Sutton, Bessette a de nouveau attaqué. Le petit groupe de tête a explosé et Gariépy s'est retrouvée seule avec la coqueluche du cyclisme québécois. « Je n'ai jamais paniqué, a expliqué Gariépy. Je l'avais toujours en point de mire et je montais à mon rythme. » L'écart entre les deux vedettes du jour n'a jamais dépassé 15 secondes.

Après sa victoire d'étape, Bessette ne cachait pas sa déception. « Je suis contente de ma victoire d'étape, mais je pensais reprendre beaucoup plus de temps à Annie. Ça va être très difficile de la rejoindre », a conclu Bessette. À quelques mètres de là, autour de la camionnette de l'équipe de Gariépy, les filles filaient le parfait bonheur. L'émotion était à son comble. « Je suis tellement contente », ne cessait de répéter Gariépy.

Demain, l'étape la plus longue (110 km) du Grand Prix féminin, un circuit routier à partir de Bedford.


27 août 1999
Bessette gagne, Gariépy contrôle

PIERRE FOGLIA

Quelle course mon vieux. Quel spectacle. Et quel décor.

Pour vous résumer, Lyne Bessette a gagné la deuxième étape du Grand Prix Cycliste féminin courue hier autour de Knowlton, mais c'est Annie Garlépy et ses coéquipières de l'équipe Élita qui ont fait la course. Et quelle course mon vieux. On est parti de Knowlton sous un beau soleil, au bout du village on est passé devant la maison de Lyne Bessette, à ce moment-là ça roulait facile, les mains sur les cocotes de freins les filles papotaient chiffon, non c'est pas vrai, la Gariépy a presque tout de suite foutu le feu aux poudres et la course a commencé. Ce n'était plus le temps de parler ni de regarder le paysage.

Ben voyons donc, s'est-on dit, en voyant la Gariépy attaquer peu après Cowansville, ben voyons donc, ça ne marchera pas, ça ne peut pas marcher, elle a presque gagné hier, elle a déjà deux minutes et demie d'avance au général, le peloton va répliquer.

Puis on s'est aperçu qu'elle n'était pas seule. Elle était avec Lyne Bessette, Linda Jackson et une petite Ontarienne inconnue. Bessette ? Jackson? Eh, eh, peut-être que ça allait marcher après tout. Avant Dunham trois autres filles se sont jointes aux fuyardes dont deux Élita, deux équipières d'Annie Gariépy, la Néo-Zélandaise Sarah Ulmes et Mélanie Dorion reconnaissable à sa couette qui dépasse du casque.

Disons-le carré, ce sont les trois Élita qui ont fait la course, les quatre autres filles de l'échappée se contentant de suivre. Les Élita se sont incroyablement dépensées, Ulmes sur le plat, Dorion dans les bosses, et Gariépy déjà dans son carrosse de leader mais qui payait quand même beaucoup de sa personne. Elles ont rageusement creusé sur le peloton un écart qui s'est soldé à l'arrivée par près de cinq minutes.

« C'est ma réponse aux sélectionneurs qui m'ont oublié pour les Jeux Panam », nous a lâché Annie, après la course. Deuxième à Knowlton, comme la veille à Farnham, Annie Gariépy a endossé le maillot de leader du Grand prix. Au classsement général, elle devance Lyne Bessette par près de deux minutes.

« Pour les gens d'ici »

Pour revenir à l'étape, les Élita n'ont pas gagné sur tous les tableaux, ce serait trop beau, à quinze kilomètres de l'arrivée, elles n'ont pu empêcher la grande Lyne Bessette de faire son numéro. Lyne les a attaquées exactement où on pensait qu'elle le ferait, sur le chemin du Mont-Écho. Elle est partie toute en souplesse et puissance, dans l'interminable dernière pente du parcours, elle enroulait le grand plateau comme si elle pédalait sur le plat, vent de dos. Elle est arrivée en solitaire dans Knowlton qui l'attendait, que dis-je, qui l'espérait. Lyne est l'enfant chérie du pays, la preuve triomphante qu'il n'y a pas que des touristes à Knowlton, son père vend de l'huile à chauffage au bout de la grand rue, ça repose des antiquaires et des outlets.

À la ligne d'arrivée Lyne était heureuse bien sûr, mais surtout soulagée : « Je la voulais cette étape-là, moins pour moi - on ne peut pas toutes les gagner - que pour les gens d'ici qui m'encouragent si gentiment »

En résumé, une journée de vélo parfaite. On a eu ce qu'on attendait : la victoire d'étape de Bessette. On a eu en prime un formidable coup de théâtre - Gariépy leader au classement général. Conséquemment, on a aussi la promesse d'un sacré mano a mano entre ces deux-là, aujourd'hui, dans la très dure ascension du Mont Sutton.

Annie Gariépy rêvait à haute voix. « Si je ne perds qu'une de mes deux minutes d'avance dans la montée du Mt-Sutton, si je reste dans la roue de Lyne samedi, et si je survis au contre la montre dimanche... ». Nos voeux vous accompagnent, mademoiselle, mais mettons que ce ne sera pas vraiment des vacances !

Puis-je, en terminent, féliciter le paysage ? Plus précisément l'odeur des pommes dans la montée de la Joy Hill, l'air ahuri des douaniers américains quand nous sommes entrés au Vermont pour d'ailleurs en ressortir aussitôt, et les tâches de rouge dans les érables du Mont-Écho.


26 août 1999
La Gariépy avait la bougeotte

PIERRE FOGLIA

Est-ce de l'Oklahoma, de l'Arkansas ou du Mississippi? Quelque part dans ce coin-là. Andrea Ratkovic vient du sud des États-Unis. Elle a 33 ans. Ça ne fait pas très longtemps qu'elle fait du vélo. Avant elle faisait du marathon, 2h3O au marathon, c'est juste pour vous dire que c'est pas un pied de céleri. Elle a gagné hier la première étape du Grand Prix féminin du Québec, une boucle d'une centaine de kilomètres en Haute Yamaska, départ et arrivée à Farnham. Andrea Ratkovic a battu au sprint ses deux compagnes d'échappée, la Québécoise Annie Gariépy et l'Américaine Dede Demet.

Ce n'est pas pour être chauvin, mais franchement, Annie Gariépy méritait mieux que sa seconde place. En échappée dès le 19ème kilomètre, elle a été la grande animatrice de la course, à l'origine de toutes les attaques, aussitôt reprise par le peloton elle repartait on sentait qu'elle voulait à tout prix cette étape sur le plat qui convenait particulièrement bien à ses talents de rouleuse.

Seulement 49 filles au départ de ce Grand Prix, 49, une misère, une pitié. Une formidable organisation qui soigne les moindre détails, l'inattendue, l'inespérée collaboration d'une demi-douzaine de municipalités, des parcours magnifiques, une incursion aux Etats-Unis âprement négociée, tout cela pour un maigrichon peloton de 49 coureuses, dont pas loin de la moitié de calibre paroissial. Et comme si cela n'allait pas déjà assez mal, les organisateurs ont appris hier matin le retrait de Geneviève Jeanson la très jeune prodige (17 ans) du cyclisme québécois.

Bref, même réduite à quatre coureuses, la très forte équipe Saturn avec Lyne Bessette,Clara Hughes, Dede Demet et Emily Robbins devrait assez facilement faire la loi dans ce Grand Prix. Les Saturn devront quand même se méfier de la gagnante d'hier, cette Andrea Ratkovic sortie de nulle part.

Aujourd'hui, parcours assez mouvementé, avec la très dure côte de la Joy Hill avant d'aller dire brièvement bonjour aux fermiers du Vermont. Départ et arrivée à Knowlton, on est en plein sur les terres de Lyne Bessette, c'est pas une promesse, même pas un pronostic, c'est juste pour vous dire.


cette photo est une gracieuseté de Dominique Beaudoin


une page mise en ligne le 9 septembre 1999 par SVP