"amateur" ou |
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automne 2002
Un petit canal de bouette, au milieu ça a l'air un peu mou, mais en gardant un peu de vitesse je réussis à me tenir sur le côté. C'est moins creux, ça cale pas trop, et je réussis à monter sur le bord qui est bien sec. Là il y a une grosse roche, ça passe pus, faut que je me tire directement à travers la bouette. C'est pas trop large, je donne un coup de pédale (et un bon swing en même temps sur les poignées), je passe ma roue d'en avant pratiquement dans les airs (de l'autre côté c'est plus sec) pis là je slacke les bretelles parce qu'il faut que je me garde de l'énergie. Il y a une cimonaque de montée qui s'en vient!
Aaaahhh! que j'aime ça. Une heure et quart que ça m'a pris pour monter Bromont aujourd'hui. Le haut de la montagne était vraiment trempe, mais il y avait des bons bouts bien secs, ça fait que je continuais [...]. Je connais ce sentier tellement par coeur [...], je sais d'avance où je peux me relaxer, où je peux me détendre les jambes, où je peux ramollir [...]. À une couple de places, c'est un peu comme un monstre que tu vas affronter. Aaarrgh! je vais l'avoir; des fois j'ai tellement d'énergie que je crie: « Je me sens comme un lion! » D'autres fois chu pus capable, je viens étourdi, j'arrête, je m'accote sur mon bicycle, je sais pas comment je vais reprendre mon souffle.
Avant-hier j'ai monté le mont Orford. Je suis parti, il pleuvait juste un petit peu, mais ça avait l'air de vouloir s'éclaircir. Je pensais de monter juste le Giroux, c'était la première fois cette année. On monte environ le tiers de la distance de 4 km et là on peut décider de monter le Giroux. C'est plus raide mais beaucoup moins long, ça fait que c'est moins dur. Rendu là, je n'étais même pas essoufflé, et le temps s'était éclairci. Alors j'ai dit: « Je me paye le grand Orford. »
Ah! que c'était bon. Il y a un bout, arrivé aux 2/3 environ, qui est tellement dur que je me demande des fois pourquoi je fais ça. C'est trop. Mais quand t'as réussi à passer ce bout-là, il y a la grande courbe où on voit le lac Orford, tu peux ralentir la respiration un peu, revenir à la vie, puis il reste environ un kilomètre. Ça monte, ça n'a pas de bon sens, mais on dirait que t'es gelé; tu pédales, ça fait pus mal, tu sens pus rien, tu respires juste comme une locomotive et ça monte et ça monte et tu finis par arriver en haut. Le dernier petit 100 mètres j'ai fait un sprint. Yé fou. Non, d'autres fois je pensais mourir en arrivant en haut, mais avant-hier en arrivant en haut il en restait encore [...].
Henri Tourigny, Rock Forest
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