"amateur" ou |
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Été 2000
En lisant «Y a-t-il un médecin dans la salle ?» (Vélo Mag, mai 2000), l'idée m'est venue d'y donner suite. Moi aussi, je souffre de cette exaltante jubilation. Tout ce que je fais dans la vie de chaque jour, c'est dans l'attente de retrouver ma monture. D'abord une sorte de thérapie pour combattre l'alcool, vitement devenue une passion qui m'habite aux vents des quatre saisons. Je traverse l'hiver sur un vélo de montagne sympathique aux flocons grâce au système Nexus et surtout à l'astuce du pneumatique gonflé aux deux tiers. Même après une journée de ski ou de servitude, je dois absolument mouliner le tour du carré. Aux premiers jours de dégel, j'assume ma dépendance sur un engin de route chaussé «25», qui me sert également les jours de pluie. Et pour le «grand frisson», en 1995, je réalisai le plus courtisé de mes rêves, un Merlin de route sur lequel, trois heures par jour, je déguste l'enchantement. (...)
J'aime tout du cyclisme. J'éprouve une «respectueuse» admiration pour tous ses apôtres, de Fausto Coppi à Geneviève Jeanson. La photo d'Indurain trône au côté du buste de Wagner. Un mode de vie indispensable. Fini les questions existentielles, mon chemin de lumière, mon credo de paix, ma quête d'absolu ; c'est sur mon vélo que je réalise que la jeunesse est un projet d'avenir. Le vélo, c'est magique. Tout ce que l'on voit nous appartient. Il n'y a pas meilleur contact avec son environnement, ni relation supérieure avec soi-même.
Un peu tannant pour les autres, dans la conversation, j'ai le braquet facile. Je préviens souvent, le danger c'est d'aimer ça ... Chanceux, ma «douce» me laisse jouer dehors. J'en reviens grisé d'endorphines. Et quand j'aurai épuisé tous mes instants d'éternité, il me restera Beethoven pour rêver au vélo. Qu'importe que le bonheur soit une destination, ou une façon de voyager, c'est sur mon vélo que je m'y rends.
Jean-Marc Rancourt
Sherbrooke
page mise en ligne le 16 juillet 2000 par