VÉLOPTIMUM
Le vélodrome de Bromont

26 juillet 2000


Lisanne Hébert, ingénieur civil et directrice adjointe du projet, est bien assise sur les structures de la future piste du vélodrome de bromont.
photo : Robert Nadon

Bromont acquiert le vélodrome d'Atlanta

François Béliveau

Il a fallu onze camions-remorques, le week-end dernier, pour transporter d'Orlando, en Floride, à Bromont, les structures de la piste du vélodrome ayant servi aux Jeux olympiques d'Atlanta.

Selon Éric Van den Eynde, l'initiateur du projet, cela dotera Bromont de l'un des meilleurs vélodromes au monde, et la station deviendra un centre internationa1 du cyclisme. Et ce, grâce à la subvention de 1,9 million obtenue du Gouvernement du Québec.

«Ce projet permettra de poursuivre ce que fut l'ancien vélodrome de Montréal, une pépinière du cyclisme qui contribuait à hausser le membership, explique Van Den Eynde, directeur du Centre canadien de développement cycliste de Bromont. De plus, le Québec pourra dorénavant recevoir des compétitions mondiales.»

Si le ministre Gilles Baril s'est laissé convaincre d'investir dans ce grand projet, le deuxième en importance pour le sport amateur au Québec après celui de la réfection d'équipements de l'Université Laval (dont la piste d'athlétisme), c'est à cause du travail fort élaboré de Van den Eynde, et de sa perspicacité.

Celui-ci a suivi, à la trace la piste du vélodrome d'Atlanta, qu'il avait appréciée pour ses qualités lors des Jeux de 1996, et il a pu l'obtenir pour le huitième du prix, soit 210 000$ US.

«Disney World avait racheté pour le tiers du prix cet équipement d'Atlanta qui avait été payé 1,5 million$ US à l'origine, raconte Van den Eynde. Le responsable des services sportifs de Disney avait en tête de l'installer pour attirer les athlètes, mais un changement de politique de la multinationale a tout bloqué. Le promoteur a même perdu son emploi. Quand je l'ai appris, et que j'ai su qu'ils continuaient de payer 10 000$ par mois pour l'entreposage, j'ai multiplié les démarches.»

Le Québécois devait faire vite car la Guadeloupe avait aussi les yeux sur ces précieux équipements. Il a mis à contribution le Centre de recherche industriel du Québec (CRIQ) qui a testé les panneaux de composite de la piste pour évaluer leur résistance face à l'humidité, face aux froids extrêmes, etc.

Le ministre Baril a sans doute été séduit par cette démarche et par le fait que la structure d'acier supportant le tout, préférable à une structure de béton, s'avérait en excellent état.

«Tous les morceaux de la piste sont maintenant entreposés, sous des bâches, autour du garage municipal de Bromont, dit encore Van den Eynde, mais ils n'y resteront pas longtemps. Nous prévoyons reconstituer ce vélodrome d'ici environ deux mois.»

Mais le vélodrome n'est qu'un des nombreux éléments du projet. À l'aréna de Bromont où l'on a aménagé les bureaux du Centre canadien de développement cycliste, dans une salle sous les gradins, Van den Eynde s'est entouré de Sylvain Michon, avocat, qui y travaille à titre de directeur des projets, et de Lisanne Hébert, ingénieur civil, directrice adjointe. Au milieu de supports chargés de vélos, il y a aussi les postes de travail de Vincent Jourdain, entraîneur de l'équipe du Québec, et de l'ex-olympien John Malois qui développe la nouvelle Académie cycliste.

Sylvain Michon et son adjointe ont pour tâche de pousser à fond le projet actuel. Ces jours-ci ils sont à la recherche du site où l'on installera le Centre, et ils sont pressés :
«Après diverses analyses et tests de sols, nous avons réduit de 14 à trois le nombre d'emplacements potentiels, de cinq à 20 acres chacun, pour lesquels nous avons pris une option, dit Michon. En plus du vélodrome, on y construira un édifice pouvant accueillir nos bureaux, un petit gymnase et une résidence pour 40 athlètes (quatre par chambre), et nous aménagerons une piste de BMX ainsi qu'une piste d'entraînement pour vélo-cross.»

Michon et Lisanne Hébert sont enthousiastes. «Nous avons déjà les meilleures pistes de vélo de montagne de l'Est du Canada, et notre Centre national, dont la vocation est de former la relève, atteindra vite une réputation pan-canadienne. C'est rare qu'on peut travailler dans le sport amateur sans attendre les subventions. L'argent est déjà là. On a les coudées franches ! »

26 juillet 2000

Une plaque tournante

François Béliveau

Le projet de Disney World de se doter d'un vélodrome a avorté, à Orlando, et le cyclisme québécois en profitera. Bromont, qui avait ouvert ses portes à Éric Van den Eynde et au Centre canadien de développement cycliste, du temps du maire Robert Desourdy, deviendra davantage une plaque tournante de ce sport, même si Mme Pauline Quinlan est devenue la nouvelle mairesse.

Celle-ci, d'ailleurs, veut poursuivre dans la même ligne de pensée, et elle encourage le milieu cycliste à s'implanter.

La championne canadienne du contre-la-montre, Clara Hughes, est installée à Bromant pour l'été, et l'une des deux autres futures olympiennes, Lyne Bessette, habite la région. Annie Gariépy profite aussi des équipements actuels, alors qu'on sait maintenant que dès l'an prochain, Bromant multipliera ses infrastructures pour devenir un paradis du cyclisme de compétition.

«Il y a un vélodrome de 200 mètres où ont eu lieu les derniers championnats canadiens sur piste, indique Van den Eynde, mais celui d'Atlanta, qu'on y installera bientôt, constituera la crème au Canada. Il mesure 250 mètres, et c'est la grandeur idéale.»

«Il existe d'autres vélodromes au pays, ajoute Van den Eynde, mais aucun ne peut se mesurer à la capacité et à la qualité de celui qu'on vient d'acheter aux États-Unis. Ceux de Victoria et d'Edmonton, construits à la faveur des Jeux du Commonwealth, mesurent 333 m. Celui de Calgary fait 400 m. Près de Vancouver, le vélodrome intérieur a un avenir précaire alors que celui des derniers Jeux Pan-Am de Winnipeg a été vendu. Enfin, outre un projet à Dieppe, Nouveau-Brunswick, le seul autre dans l'est du Canada est situé à Delhi (250m)en Ontario.»


une page mise en ligne le 26 juillet 2000 par SVP