VÉLOPTIMUM |
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26 juillet 2000
François Béliveau
« Des fois, je me sens prisonnier de mon vélo...»
Comme le « foot» pour nombre d'Européens et de Sud-Américains, le vélo entre dans la peau de milliers d'adeptes pour ne plus en ressortir. Cependant, ils sont rares ceux qui sont atteints de cette maladie au même niveau qu'un John Malois, au Québec.
Bien sûr, il y a des Cojan, Van den Eynde, Bedwani ou Rossi, des Barbeau, Thibault, Hutsebaut, mais pas des centaines.
Qui se souvient de John Malois aux Jeux olympiques de 1992, à Barcelone ? Peu de coureurs d'aujourd'hui savent que le petit homme aux yeux bleus et aux cheveux blonds est un ex-olympien.
Il ne s'en vante pas d'ailleurs. Il passait alors un mauvais coton, étant aux prises avec une autre maladie, plus mystérieuse. Il a fallu sept ans avant que le Dr Jean-Robert, un spécialiste en microbiologie de Saint-Jérôme, le délivre de son virus.
«J'aurais le choix entre un million ou retourner à Barcelone en santé au même âge, je choisirais les Olympiques pour prouver que j'étais vraiment malade. Je n'avançais plus. Certains ont dit que je ne supportais pas le stress, que c'était dans la tête...»
À l'âge de 9 ans, John Malois sonnait aux portes à Chambly, offrant de réparer les vélos. Vingt ans plus tard, il n'a pas changé, mais sa façon de vivre le cyclisme est différente.
Responsable du développement des jeunes à la nouvelle Académie de Bromont, une filiale du Centre canadien de développement du cyclisme, il est constamment entouré d'une douzaine de jeunes qu'il entraîne en montagne, sur route, et parfois sur la piste.
Champion canadien junior route et piste en 1989, champion des Mardis de Lachine en 1990 et 1991, champion canadien sénior (course aux points) et vainqueur de la Coupe du Québec sur route en 1991, il a frappé son mur après Barcelone.
«Quand t'es bon, tout le monde t'aime, quand t'as de la misère, tu as besoin d'aide», persifle-t-il encore un peu, suggérant que des méchancetés et des jalousies ont enterré l'auréole qu'il avait eue d'avoir atteint les Jeux olympiques.
«Mais c'est fini tout ça ! Ma maladie a disparu et la vie est merveilleuse. J'ai une blonde que j'aime et je travaille dans le vélo. C'est difficile de ne plus être coureur, mais j'aide à en fabriquer d'autres. Martin Gilbert, qui s'illustre au Tour de l'Abitibi, je l'ai entraîné au «sports-études» de l'école Massey-Vanier de Cowansville. Avec Yannick Cojan, j'ai obtenu mon diplôme d'éducateur physique à l'UQAM.»
Entre temps, il va aux diverses courses, tels les Mardis de Lachine, où parfois «son sprint» lui permet de sortir d'on ne sait où du peloton, mais c'est pour encadrer d'autres jeunes qui poussent, surtout ceux du club Seaco pour qui il joue le rôle de capitaine. Et il entraîne aussi, en montagne, les jeunes du Club de vélo de Bromont, sur route ceux de Brossard, en plus de donner des cours privés et de piloter des sorties de groupe.
La passion... à son paroxysme !
Mais il n'est plus seul. On le reconnait et l'admire, même dans les hautes sphères. La grand patron du Centre canadien, et entraîneur national Éric Van den Eynde, ne s'en cache pas : «John fait partie de notre élite d'entraîneurs, une élite de plus en plus nombreuse, dit-il. Sous peu, il sera intégré à nos plans...»
une page mise en ligne le 26 juillet 2000 par SVP