14 octobre 2002

Plus que de la figuration

Dionne s'est battu pour terminer au 37e rang

Charles Dionne n'a pas battu Mario Cipollini. Cependant, il a devancé, et de loin, Oscar Freire Gomez, Laurent Jalabert, Santiago Botero Echeverry, Richard Virenque et Johan Museew au fil d'arrivée de la course sur route des championnats du monde de cyclisme sur route.

La plupart des amateurs de sports du Québec ne connaissent pas ces noms.

En Europe, ces étoiles du cyclisme professionnel sont vénérées à juste titre comme les Joe Sakic, Peter Forsberg, José Théodore, Saku Koivu, Mats Sundin et autres vedettes de la LNH.

Charles Dionne - aucun lien de parenté avec Marcel - a fini au 37e rang d'une course de 256 kilomètres que chacun des 201 inscrits avait envie de compléter et, avec un peu de chance, s'y illustrer.

L'Italien Mario Cipollini a été couronné.

« Je viens de prouver que je pouvais être dans la course avec les grands », a déclaré Dionne sans prétention, en faisant référence aux coureurs professionnels en général.

Le jeune cycliste de Saint-Rédempteur a passé la ligne d'arrivée avec trente-neuf secondes de retard sur Cipollini, dont la feuille de route 2002 inclut trois victoires d'étape du dernier Tour d'Espagne, six du Giro d'Italia et une réputation de pitbull de la route.

Parti en retraite pour protester contre son exclusion du Tour de France, Cipollini tenait à faire un pied de nez au patron de cette grande classique et a réussi avec l'aide de ses 11 coéquipiers qui lui ont déroulé le tapis rouge jusqu'à la ligne d'arrivée.

Chute monstre
Le titre mondial, le champion italien le convoitait depuis longtemps. Tout comme l'Espagnol Freire (déjà sacré en 1999 et 2001), les Français Virenque et Jalabert (dont c'était la dernière course), le Colombien Botero Echeverry (médaillé d'or du contre-la-montré 2002) ainsi que le Belge Museew (champion 1996).

Cipollini a prévalu de justesse devant l'Australien Robbie McEwen et l'Allemand Erik Zabel mais, à son échelle propre, un coureur comme Dionne est sorti aussi grandi de cette course marquée, à trois kilomètres de l'arrivée, par une chute massive impliquant une bonne quarantaine de coureurs.

« Sans cette chute finale où j'ai dû freiner à fond pour éviter un vélo qui a revolé, j'aurais pu m'accrocher et finir dans le groupe de tête », a raconté Dionne sur le circuit de Zolder dans les instants suivant la fin de l'épreuve.

« L'incident a fait en sorte qu'un trou s'est creusé avec le groupe de tête. Il m'a manqué une petite dose d'énergie pour le boucher. Si j'avais eu des coéquipiers, ça aurait pu être différent. Néanmoins, je suis très content de ma performance. »

Un vrai de vrai
Les témoins de la course savent que Dionne n'a pas joué au touriste. Contrairement à sa compatriote Sue Palmer-Konar, qui a passé toute la course sur route des élites féminines en queue de peloton par crainte des chutes, Dionne s'est tenu dans les cinquante, voire les 15 premiers pendant toute la course.

«Je voulais me tenir loin des chutes et être mieux placé pour passer les très nombreux virages car si tu es trop derrière, quand ça relance, tu dépenses trop d'énergie à retrouver la cadence», a-t-il expliqué.

Dionne avait d'autres raisons de se réjouir.

« Je suis autant stimulé par les personnes qui croient en moi et m'aident à forcer que par celles qui créent une énergie en doutant de mes capacités », a-t-il dit.

Sur le parcours de Zolder, Charles Dionne a prouvé aux premières qu'elles avaient raison et aux secondes qu'il ne parle pas à travers son chapeau.


Page mise en ligne le 14 octobre 2002 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca