L'année de tous les espoirs pour le cyclisme sur route canadien
L'avenir du cyclisme canadien est en train de se jouer. Le championnat du monde, c'est notre dernière chance car ça ne se reproduira pas de sitôt.»
Pierre Hutsebaut, directeur général de l'Association canadienne de cyclisme, ne fait pas allusion au grand rendez-vous qui a pris fin à Zolder, hier, en le laissant sur sa faim.
« Nos performances ont été en bas de la moyenne par rapport à ce qu'on a déjà fait», a-t-il dit tout en prenant la peine de souligner les prestations pleines de promesses d'Audrey Lemieux et de Jean-François Laroche sur la route.
Cependant, même avant le lever de rideau du rendez-vous belge, les pensées d'Hutsebaut étaient tournées depuis longtemps vers la 70e présentation du championnat du monde qui se déroulera à Hamilton, du 8 au 13 octobre 2003.
Coup de barre
Le d.g. n'a pas le choix...
« Nous sommes rendus au point où il a fallu attendre une modification in extremis des règlements de l'Union cyliste internationale (UCI) pour pouvoir inscrire un homme à la course sur route élite», a-t-il rappelé.
« Quant à la piste, le Canada doit maintenant s'inscrire au championnat du monde B, réservé aux nations classées au-delà du 30e rang international, pour espérer participer aux prochains grands rendez-vous, comme les Jeux olympiques et les championnats du monde. »
La situation du cyclisme n'est pas rose au Canada.
Le Québec constitue une société réellement distincte à ce chapitre. Onze des 19 athlètes canadiens au Mondial de Belgique étaient des Québécois. De plus, les seules courses organisées au Canada et bénéficiant d'une sanction de l'UCI sont tenues au Québec. Qui plus est, la seule province avec une équipe à ses couleurs est... le Québec.
Le temps est donc venu de donner un coup de barre radical.
« C'est la raison d'être du programme de legs dans le cadre du championnat du monde de Hamilton », explique Hutsebaut.
« La tenue de ce grand événement doit rapporter des bénéfices au cyclisme canadien sinon ce sera comme un coup d'épée dans l'eau. Les Mondiaux seront venus et il n'en restera aucun héritage. »
Comme les Australiens
La principale proposition mise de l'avant par Hutsebaut consiste à établir une base permanente du Canada en Europe.
« Il y à plusieurs années, les Australiens sont allés de l'avant avec un tel projet pour le cyclisme sur route parce que c'est sur le Vieux Continent que ça se passe pour ce sport, a-t-il expliqué. On n'a qu'à consulter les classements pour constater le bien-fondé de la décision australienne. »
Hutsebaut a bon espoir de recevoir une avance et de mettre son projet de base en marche dès février 2003 dans le sud de la France. L'actuel entraîneur national, Jacques Landry, en deviendrait le principal responsable.
« On estime que ça coûte environ 150 000$ par année, mais, au-delà de l'argent, il faut aussi pouvoir compter sur des ressources humaines fiables et compétentes », a indiqué Hutsebaut.
« La clé, c'est aussi et surtout l'engagement des jeunes coureurs, les sacrifices qu'ils sont prêts à s'imposer pour percer au plus haut niveau. Comme l'ont fait avant eux les Gord Fraser, Jacques Landry et Steve Rover qui ont couru avec des clubs français.
« Nos coureurs ne sont pas moins bons que les Européens ou les Australiens, mais ils ne peuvent pas offrir des performances intéressantes en courant un mois par année. Ce n'est pas possible! Pas plus qu'en passant leur temps dans les valises ... »
La roue tourne. Le Canada arrive à un carrefour crucial. L'argent, les ressources humaines et les jeunes seront-ils au rendez-vous? Les prochains mois seront déterminants.
Page mise en ligne le 14 octobre 2002 par SVP