La Revue régionale 21 août 2002
Qu'obtient-on lorsqu'on mélange les Cantons de l'Est, Richard Deslandes et sa passion pour le cyclisme? Le Mondial du vélo, évidemment!
Sophie Martel
Né de la fusion entre le Festival du vélo de Waterloo, la Coupe des Amériques de Sutton et les Championnats Masters Mondiaux UCI (Union Cycliste Internationale) et en collaboration avec les organisateurs d'événements cyclistes de Granby, le Mondial du vélo poursuit sur sa lancée. En fait, l'idée de départ de cette alliance était de rassembler les divers événements cyclistes de la région. De cette façon, les organisateurs des différents projets ont tout le loisir de planifier leurs activités. Pendant ce temps, les employés du Mondial (il y en a trois à temps plein à l'année et quelques uns de plus pour la belle saison) s'occupent d'orchestrer le tout. Ils trouvent les commanditaires, font toutes les démarches nécessaires à l'obtention des permis et s'assurent qu'il y ait une sécurité adéquate, en plus de régler tous les détails. En procédant ainsi, tous les événements reliés au cyclisme dans la région ont une meilleure visibilité : l'union fait la force, comme on dit. Il en résulte une sorte de grand festival, ce qui permet des retombées économiques intéressantes, étant donné l'engouement que connaît ce sport, ici autant qu'ailleurs.
Le grand manitou du Mondial du vélo, ou si vous préférez le directeur général, c'est Richard Deslandes. Mais bien avant que cette organisation n'ait vu le jour, il gravitait déjà dans l'univers du cyclisme. Il a été membre du Conseil d'administration de l'Association Cycliste Canadienne et de la Fédération Québécoise des Sports Cyclistes pendant plusieurs années. De plus, il a beaucoup voyagé, a été voir sur place pratiquement tous les événements majeurs concernant le vélo dans différents pays. Puis il s'est rendu compte que Bromont avait un potentiel énorme pour accueillir une compétition d'envergure. Aux premiers Championnats du monde de vélo de montagne en 1990, au Colorado, il rêvait déjà que son petit village en devienne un jour l'hôte. En ces années-là, le vélo de montagne était encore peu connu. « Tout le monde disait que ce sport ne ferait pas long feu, que ça durerait deux ou trois ans et que ça disparaîtrait », se rappelle-t-il. C'était sans compter Richard Deslandes et les passionnés de bicyclette des environs. Grâce à eux, ces pionniers du vélo de montagne qui ont tenu bon, qui ont développé des infrastructures afin de pratiquer leur sport favori et qui ont organisé des festivals et autres rassemblements, le cyclisme est plus vivant que jamais dans notre coin de pays.
Les pistes cyclables aménagées dans la région ont aussi grandement aidé à faire du cyclisme un sport de plus en plus en vogue, pratiqué par des gens de tous âges et de différents milieux. « Les Cantons de l'Est ont été les premiers à transformer les chemins de fer en pistes cyclables. Tous les journaux de la province en parlaient, parce que c'était innovateur. En fait, c'était le plus beau cadeau que la région ait jamais fait à la population », ajoute-t-il.
Néanmoins la palme revient sans contredit à Bromont, véritablement le chef de file en Amérique du Nord en ce qui concerne le cyclisme. À ce jour, le petit village a accueilli pas moins de cinq étapes de Coupe du Monde et il a présenté le premier championnat québécois ainsi que le premier championnat canadien. C'est aussi à Bromont qu'ont eu lieu les 3e Championnats Mondiaux en 1992. L'événement s'est répété, depuis à trois reprises.
Cela ne s'est pas fait tout seul, par contre. Il y a derrière tout ça beaucoup de paperasse, de démarches, de rencontres... Monsieur Deslandes s'explique : « Pour avoir des événements de cette ampleur, on doit d'abord se battre. Il faut présenter un meilleur dossier que les stations québécoises, ensuite on compétitionne contre les grosses stations canadiennes, et à la toute fin on doit se mesurer au reste du monde. Quand on réussit à avoir une Coupe ou un Championnat, c'est un véritable tour de force. »
Le tour de force est encore plus évident lorsqu'on sait qu'en 1999 les Bromontois ont signé un contrat pour être les hôtes des Championnats Mondiaux, non pas pour un an, comme cela se fait habituellement, mais bien pour quatre ans! Cela a nécessité de sérieuses négociations avec l'Union Cycliste Internationale : on comprend facilement que personne n'était intéressé à investir tant d'argent pour les installations requises pour un an seulement. Il ajoute en souriant: « On ne s'avoue jamais vaincus. Je dis tout le temps qu'on est un petit village de Gaulois. C'est drôle parce qu'il y a bien des gens qui viennent à Bromont pour la première fois et qui sont surpris de voir combien c'est petit! De la façon dont ils en avaient entendu parler ils croyaient que ça ressemblerait un peu à Montréal... » Pour ça, on peut dire que le petit village d'irréductibles tient bon... Le contrat de quatre ans arrivait à son terme lorsque certains ont eu vent d'une rumeur comme quoi les Championnats auraient lieu l'année suivante en Italie, puisque l'Union Cycliste Internationale ne pouvait décemment pas refuser leur candidature. Prenant le taureau par les cornes, on invite alors la délégation à Bromont pour tenir sa réunion annuelle. On veut à tout prix convaincre les membres de l'Union de leur permettre d'accueillir les Championnats, une fois de plus. On met le paquet : les maires de l'ensemble des municipalités environnantes sont présents et y vont de leurs témoignages. Forts de l'appui de toute la région, des subventions octroyées par le gouvernement et par le fait que nous avons parmi nous certains des meilleurs athlètes cyclistes au monde (Lyne Bessette et Clara Hughes, pour ne nommer que celles-là), les Bromontois gagnent encore la partie. Le contrat des Championnats est signé jusqu'en l'an 2006.
Les événements couverts par le Mondial du vélo attirent beaucoup de monde dans la région. Non seulement des Canadiens, mais également des gens d'un peu partout sur la planète. Il y a 170 pays faisant partie de l'U.C.I., et seulement une dizaine de grosses compétitions internationales en vélo de montagne par année. Nous avons la chance d'avoir un de ces événements d'envergure ici même, chez nous! De plus, nombreux sont les touristes attirés dans la région par nos installations cyclistes. Selon monsieur Deslandes, le succès exceptionnel des Cantons de l'Est à ce niveau tient à plusieurs facteurs, et il est bien placé pour en parler car il a vu ce qui se fait ailleurs dans le monde.
Premièrement, il y a un bassin de population de 60 000 000 de personnes à six heures de route. Nous sommes situés près de plusieurs grandes villes canadiennes et américaines (Montréal, Toronto, New York, Boston, etc.).
Les Cantons de l'Est sont également facilement accessibles d'à peu près n'importe où, qu'on débarque à l'aéroport de Mirabel ou qu'on voyage par les routes. Dans ce dernier cas, la tâche nous est facilitée car Granby et Bromont ont chacune deux sorties d'autoroute et Waterloo en a même trois.
Environ 90% des touristes qui viennent par chez nous sont anglophones. Là encore, nous avons une particularité très appréciée: celle de parler anglais. En effet, une bonne partie de la population estrienne est bilingue. Ce n'est pas le cas dans bien des endroits sur la planète...
Les touristes se sentent bien accueillis lorsqu'ils viennent ici, et ça non plus ça ne se voit pas partout.
Le cyclisme est probablement l'un de nos principaux attraits en tant que région touristique. La piste cyclable a bien sûr ses adeptes. Mais il y a aussi de beaux aménagements pour les randonnées dans la montagne de Bromont. C'est en fait l'un des endroits les mieux aménagés pour le vélo de montagne, avec des remontées mécaniques et même des ambulanciers sur place. Puis le Vélodrôme de Bromont, entièrement construit par les nombreux bénévoles. Sans oublier le Centre National d'Entraînement, également à Bromont probablement le plus beau centre du Canada et que plusieurs pays envieraient. Cet endroit comprend le vélodrome des Jeux Olympiques d'Atlanta, acquis après les jeux de 1996. (Un petit mot à ce sujet : lors des Championnats Mondiaux de 92, des gens du Comité Olympique sont venus voir les installations bromontoises. Ils ont été tellement impressionnés de ce qu'ils ont vu qu'en 1996, le vélo de montagne devient un sport officiel à ces mêmes Jeux Olympiques.)
Les prochains Championnats Masters Mondiaux auront lieu à Bromont du 27 août au ler septembre. Plusieurs activités sont prévues pour l'occasion, dont des randonnées pédestres, des ballades en télésiège, une nuit blanche et un « party » pour clôturer le tout.
Un autre événement chapeauté par le Mondial du vélo se tiendra à Waterloo du 23 au 25 août. Il s'agit du Mondial CycloTour des Cantons, une randonnée cyclosportive de la série Golden Bike. L'Union Cycliste Internationale appose le sceau « Golden Bike » sur des événements de haut prestige. Cette année dix compétitions seulement ont eu la chance d'être épaulées de la sorte, dont huit en Europe, un en Afrique du Sud et l'autre... Devinez où ?
Le CycloTour consiste en trois parcours de différentes longueurs (60, 98 et 158 km) permettant à des cyclistes de divers calibres de se mesurer les uns aux autres (ou à eux-mêmes!). Diverses activités ont été organisées pour toute la famille : une randonnée de nuit, des compétitions de BMX, des jeux gonflables géants et différents spectacles dont certains sont gratuits.
Granby n'est pas en reste avec le Cyclo-Zoo Leucan, une randonnée à bicyclette réservée aux enfants atteints du cancer qui prendra place au Jardin Zoologique le 26 août. La population peut apporter sa contribution en parrainant les enfants participants. Le 29 août se tiendra le Critérium de Granby, une compétition cycliste se déroulant dans les rues du centre-ville.
Ce ne sont là que les activités à venir, car il y en a eu d'autres plus tôt dans la saison. (Pour plus de détails, visitez le site web: www.mondialduvelo.com). D'ailleurs il est important de souligner à quel point les bénévoles sont essentiels pour mettre sur pied et rendre possibles tous ces événements. Sans eux, le Mondial du vélo n'existerait tout simplement pas aujourd'hui. C'est grâce à leurs efforts et leur présence constante que la région s'est développée au point de devenir un exemple pour le monde du cyclisme.
Quant à l'an prochain, à quoi doit-on s'attendre ? Des projets, Richard Deslandes en a plusieurs sur la glace. Entre autres, étant donné que les événements couverts par le Mondial du vélo s'échelonnent sur toute la période estivale, l'année prochaine nous réserve du nouveau... Nous aurons droit à une inauguration et à une clôture de l'ensemble des activités cyclistes. Une saison du vélo, en quelque sorte.
Ce que cet homme volubile aimerait réussir, à la barre du Mondial du vélo, c'est de rallier toute la population. Le but premier du Mondial, bien sûr, est de promouvoir le cyclisme ici. Cependant monsieur Deslandes ose espérer que sous peu tout le monde travaillera main dans la main, pour faire de notre belle région un endroit où des gens de partout aimeraient venir, pour rouler à bicyclette mais aussi pour les nombreux autres attraits que nous possédons. Nous avons des trésors dans les Cantons de l'Est : des vignobles, de beaux terrains de golf, des tables champêtres, sans compter les attractions touristiques les plus connues.
D'après Richard Deslandes, ce n'est pas pour rien que le cyclisme est si populaire. Même si la tendance grandissante est de se doter d'un vélo de compétition de plusieurs milliers de dollars, une bicyclette dénichée dans une vente de garage fait aussi bien l'affaire. C'est plus qu'un sport, c'est une activité à faire en famille ou entre amis, et ce peu importe l'âge!
Page mise en ligne par SVP
grâce à la collaboration de Dominique Beaudoin.