Comment se fait-il qu’on a l’impression
que c’est toujours le bordel ?
L’émission Adréaline diffusée à la télévision de Radio-Canada le 26 octobre 2002 était consacrée aux Championnats du monde de cyclisme sur route tenus à Zolder du 8 au 13 octobre.
Voici des extraits d’une entrevue menée par l’animatrice Marie-Josée Turcotte avec Diane Sauvé de Radio-Canada et Martin Smith du Journal de Montréal qui étaient à Zolder.
Marie-Josée Turcotte : Comment se fait-il, quand on parle de vélo, qu’on a l’impression que c’est toujours le bordel ?
Diane Sauvé : Il faut dire qu’il y a plusieurs guerres intestines entre le personnel dirigeant et les entraîneurs personnels. Il y a des personnes dirigeantes qui ne mettent pas leur culotte et il y a des indiens qui se prennent pour des chefs et c’est ça qui fait que les athlètes sont mal encadrés et c’est très dommage.
Expliquez-moi pourquoi l’entraîneur national sur route est resté chez-lui et ceux qu’on a vu c’étaient l’entraîneur national de développement et l’entraîneur de développement de l’est du Canada. Pourquoi ?
Pourquoi Jeanson n’a pas eu son entraîneur personnel dans la voiture suiveuse pendant le contre-la-montre si c’est pour mieux la faire performer ? Il faut se poser des questions sur le bon vouloir.
Pierre Hutsebaut, qui est le directeur général de l’Association cycliste canadienne, ne s’est pas caché pour dire : « On n'a pas de chance. Les chances sont nulles pour la course sur route ». À cause du parcours plat, entre autres. Pourquoi on n'est pas allé chercher Clara Hughes, qui avait une excellente chance de médaille là-bas ? Parce que Clara Hughes a décidé de faire du patinage de vitesse. Pourquoi on n’a pas essayé de la convaincre ? De faire un compromis avec elle, viens pour deux semaines ?
Marie-Josée Turcotte : Pourquoi Éric Van Den Eyden, qui avait cinq athlètes sur place, on le laisse à la maison ?
Martin Smith : Il y a des cliques. Il y a une structure nationale, des entraîneurs nationaux, et le championnat du monde c’est leur show, leur club Med, ils veulent avoir toute la gloriole. S’il y en a un qui a fait quelque chose qu’ils n’ont pas aimé, c’est le moment de le punir. J’ai l’impression qu’on a trouvé que Van Den Eyden n’a pas assez poussé sur Lyne Bessette pour qu’elle aille aux championnats du monde l’an dernier. Pour l’Association canadienne, les championnats du monde c’est une grosse affaire alos que pour des athlètes, des entraîneurs ce n’est pas nécessairement le cas. Alors on a puni Van Den Eyden, on ne l’a pas envoyé là-bas.
Marie-Josée Turcotte : Je suis surprise d’entendre les réponses de Pierre Hutsebaut. J’ai l’impression qu’il dit : «!Qu’elle s’arrange Lyne Bessette !»
Diane Sauvé : Ça nous aide à comprendre pourquoi on ne travaille pas en équipe au sein de l’Association canadienne. Sue Palmer a roulé tout au long de la course en queue de peloton. Elle n’aurait pas perdu grand-chose à aider Lyne à remonter. Cathy Saint-laurent roulait aussi en queue de peloton. Peut-être qu’elle aurait pu lui donner sa roue. Et si elle n’y a pas pensé, peut-être qu’un entraîneur aurait pu lui dire à l’oreille. Sauf que l’équipe canadienne a jugé bon de ne pas louer d’équipement radio pour les filles !
Martin Smith : Tout le monde était conscient que Sue Palmer était là pour faire de la figuration. C’est un geste politique, parce qu’elle vient d’Hamilton, et que les prochains championnats du monde ont lieu là. Elle était là avec son mari et sa petite fille. Tout le monde savait qu’elle ne voulait pas – il y avait eu des chutes – elle ne voulait pas être là. C’était clair pour tout le monde. Si tout le monde le sait, pourquoi la stratégie n’était-elle pas : s’il arrive quelque chose à Bessette, vous retournez la chercher ?
Marie-Josée Turcotte : Et la question de l’hébergement ?
Diane Sauvé : Si Lyne Bessette est montée aux barricades pour parler de l’hébergement qui faisait pitié – malheureusement, elle s’est fait traiter de chialeuse – mais moi j’ai parlé à d’autres personnes qui habitaient là et, non, les conditions n’étaient pas acceptables.
Martin Smith : C’était un bed and breakfast, qui a été loué, je crois, via Internet. Lyne a parlé du fait qu’elle n'a pas dormi pendant quatre nuits. Après ça, ça a l’air qu’on a trouvé des puces, du punaises dans son lit !
Marie-Josée Turcotte : C’est un peu difficile pour être en forme...
Page mise en ligne le 27 octobre 2002 par SVP