30 juillet 2000
Le Lac Saint-Jean nous avait déjà donné Maria, Mario, Réjean et d'autres grandes pointures. C'était presque trop, avouons-le. Alors la Véloroute par-dessus le marché, c'est le bleuet sur le sundae !
Des fois, qu'ils disent, le monde de la ville fait simple. Le saviez-vous, vous, que Rémi Girard est un Bleuet ? Ah ! vous le saviez... Certains cyclistes - OK mettons un cycliste ne le savait pas avant de voir le comédien rouler quelques kilomètres d'honneur au départ de la Véloroute. D'autres, désireux de se rendre au Lac en train, ont élargi leurs horizons en faisant les réservations auprès de l'agence de voyages Michel Barrette. C'est quand même merveilleux !
J'avais toujours cru qu'il venait de Saint-Tite.
Mais on m'a appris que ce Barette-là n'est pas un p'tit comique.
On ne l'avait pas vu au vestiaire-vélo de l'aréna Mario Tremblay. Pourtant il n'a échappé à l'attention de personne.
Le temps d'un éclair, on l'a aperçu filant connne une machine, la bécane chargée comme une mule, dans une montée de la Dam-en-Terre où peinait plus d'une mémée sans bagages. Un brave garçon d'une onzaine d'années, pensez donc !
L'oncle du garçon suivait, tirant un porte-bébé dans lequel dormait le prochain cycliste de la famille. Le sort a voulu que je ne les retrouve - ou ne les rattrape - jamais au cours des deux jours de ma participation à la récente Randonnée d'ouverture de la Véloroute des Bleuets. Mais on a parlé de ces sympathiques et un peu mythiques pédaleux qui se tenaient discrètement à l'écart des haltes et des réunions de soirée, non par snobisme mais tout bonnement, à ce qu'on raconte, parce qu'ils n'avaient pu s'inscrire officiellement, faute de bidous. On s'attendrissait d'apprendre que la mère du bébé avait dû rester à la maison parce qu'elle était à deux semaines d'accoucher. Et on avait envie de délester un peu l'enfant en apprenant qu'il prenait très au sérieux son rôle de principal porteur : la tente, les sacs de couchage, le réchaud, les aliments, la mécanique d'urgence, alouette ! c'est lui qui trimbalait la maisonnée ! Parce que, bien sûr, ils campaient pour ne pas trop dépenser...
Alors voilà, on ne l'a pas interviewé, ce Pierre Harvey en herbe, mais c'est tout comme.
Armés du guide de séjour de la Randonnée, on sortait d'Alma pour s'engager sur une piste, tantôt asphaltée, tantôt en poussière de roche, qui traverse le complexe touristique de la Dam-en-Terre et longe la rivière Petite-Décharge avant d'atteindre, à Saint-Gédéon, le Lac en question. Des rives invitantes, la forêt qui sent bon, des chalets et même un terrain de golf. Un joli coin pour passer l'été !
Le prix de la gentillesse, au jour 1 de cette virée, est allé aux gens de l'aluminerie Alcan, sortis saluer les cyclistes et leur offrir des gaminets.
Le prix de la pingrerie ? À ceux qui ont concocté le repas du midi - pour lequel les participants payaient, merci beaucoup -, une maigre boîte sur laquelle il ne manquait que le sceau des Weight Watchers. Après avoir roulé 35 nu 85 kilomètres, selon qu'on faisait ou pas la boucle vers Hébertville, ça causait un gastrochoc de voir ces deux tranches de pain blanc renfermant une indéfinissable pellicule blanchâtre en guise de plat de résistance.
Véloroute des Bleuets - qui fait officiellement partie de la Route verte - c'est une dizaine d'années de travail, près de 10 millions d'investissements, 17 municipalités et naturellement d'inévitables «intervenants» réunis autour d'un prétexte économico-touristique. Il s'agit d'un assemblage de pistes déjà existantes, de nouveaux tronçons et de raccordements, parfois sur des accotements de route, le tout étalé sur 256 kilomètres. Ici et là une municipalité a tiré de la patte, mais dans l'ensemble, la Véloroute était prête pour l'inauguration, initialement,prévue pour l'an prochain.
Le circuit fait le tour du lac Saint-Jean et explore la région du même nom. Il est facile - ici recouvert d'asphalte, là en poussière de roche - et il se prête parfaitement à une virée en famille. Personnellement, je repartirais demain matin pour le pédaler au complet, sans négliger les boucles supplémentaires (Hébertville, Sainte- Edwidge, Girardville, Mont-Lac-Vert, Jonquière) proposées aux gros appétits. Les attraits touristiques ne manquent pas le long de cette route, il va sans dire : à Mashteuiatsh, les Montagnais parlent français et continuent d'appeler leur sympathique patelin Pointe-Bleue ; Val Jalbert est un village fantôme qui n'est plus abandonné du tout, mais l'endroit vaut le détour ; le zoo sauvage de Saint-Félicien est une pure merveille (et l'objet d'une chronique à venir) ; le parc de la Pointe-Taillon, c'est 20 kilomètres dans la verte nature et plusieurs participants à la Randonnée d'ouverture n'hésitent pas à dire que ce passage est le plus beau de la Véloroute.
Et il y a la p'tite mer Saint-Jean qu'on serre de près pendant plus de la moitié du parcours.
Les organisateurs ont affirmé que a Randonnée d'ouverture était un événement unique, mais certains d'entre eux ont chuchoté qu'ils «prenaient des notes», ce qui laisse supposer qu'une Randonnée annuelle soit envisagée. Gageons que c'est le bilan comptable qui décidera, les comptables étant les nouveaux maîtres du monde, n'est-ce pas ?
Je serai de ceux qui espèrent...
Le Lac - d'un point de vue montréalais si nos amis Bleuets veulent bien accepter cette remarque - demeure une destination lointaine. La preuve en est que, malgré une excellente et pénétrante campagne publicitaire, les organisateurs de l'événement, qui a roulé du 27 juin au 2 juillet, n'ont pu attirer que 753 cyclistes alors qu'ils en espéraient 2000. L'idée de lancer autant de monde dans une piste de douze pieds de largeur peut ne pas entrer facilement dans la tête de gens qui en ont vu d'autres. Il faut également tenir compte de la multiplication des manifestations cyclistes qui, forcément, se divisent la clientèle.
La majorité des participants venaient tout de même de la région métropolitaine de Montréal.
Onze pour cent seulement de pédaleux du Saguenay-Lac-Saint-Jean ont pris part à la Randonnée d'ouverture de la Véloroute des Bleuets. C'est la faute à Mario Lemelin et à sa compagne Josée Clermont - du monde de Saint-Bruno, près d'Alma - qui sont partis à la découverte de la Vélotoute en compagnie des enfants deux jours après les autres. Une voiture au départ de la randonnée, une autre à Val Jalbert. Après ça, comment voulez-vous que les intervenants vivent ?
La petite Joanie Lemelin, deux ans, voyageait sur un siège de bébé, le petit Paul, quatre ans, dans la remorque-bébé. Et Louis, tout fier : «Moi j'ai mon vélo à moi. J'ai sept ans !»
Sept ans ? Ça explique tout !
Vous en profitez de votre Lac, madame, monsieur ?
«Maintenant, on commence, parce que ça change. Le monde du Lac est bien accueillant, c'est vrai, mais le Lac lui-même n'a pas toujours été facilement accessible, à cause de toutes les propriétés privées qui le bordent. Quand ma mère a fait un tour sur la Véloroute, l'autre jour, elle m'a dit : «Ils m'avaient volé mon Lac. Ils me l'ont redonné.»
La Véloroute des Bleuets
téléphone : (418) 668-4541
télécopie : (418) 668-0849
Tourisme Saguenay - Lac-Saint-Jean
téléphone : 1-800-463-9651, (418) 543-9778
télécopie : (418) 543-1805
page mise en ligne le 31 juillet 2000 par SVP