Pierre Hamel
Lyne Bessette. Son nom était sur toutes les lèvres le dimanche 30 mai. Avant, pendant et après la course. Avant parce que la cycliste de Knowlton avait participé à toutes les tribunes à la suite de son impressionnante victoire au Tour de l'Aude. Pendant parce que c'est elle qui a animé cette course un peu tristounette et après parce qu'un peu tout le monde voulait la féliciter pour sa deuxième place sur le mont Royal derrière l'Australienne Tracy Gaudry.
Pourtant, peu de temps avant le signal de départ, la « sacrée belle fille » (dixit Pierre Foglia) déambulait tranquillement avec son chum sur l'avenue Mont-Royal. « On a pris un gros déjeuner », expliquait-elle simplement au journaliste un peu surpris de rencontrer la championne au coeur du Plateau à quelques heures d'un rendez-vous très important. Sur la ligne de départ, même scénario. Une trentaine de minutes avant le coup de pistolet, Bessette jasait avec ses parents et blaguait avec ses nouveaux amis journalistes. Elle a même pris le temps de lire de longs passages de l'article que Michel Nepveu avait commis sur elle dans notre édition de juin. J'vous dis, un calme olympien.
La course? Rien à voir avec celle de l'an dernier, qui avait été franchement une classique disputée dans des conditions très difficiles. Imaginez, après neuf tours - la course en comptait onze - du court circuit d'un peu plus de 8 km, il ne s'était toujours rien passé. Quelques soubresauts bien sûr mais rien pour téléphoner à sa mère! Et il y avait Lyne Bessette... À chaque ascension de Camillien-Houde, les nombreux spectateurs massés le long de la célèbre avenue scandaient le nom de la sympathique cycliste. Facile de la reconnaître puisqu'elle était presque toujours en tête de peloton - parmi les cinq premières - en escaladant la seule difficulté du parcours.
Mais pourquoi cette apathie du peloton? 53 filles au départ dont au moins une dizaine qui ne sont, de toute évidence, pas du même niveau, ça n'aide pas pour provoquer des choses en course. Le parcours maintenant. On avait choisi de placer la ligne d'arrivée au sommet de Camillien-Houde, contrairement au final plus traditionnel sur le boulevard Édouard-Montpetit. Très bonne idée sauf que c'était la seule difficulté de ce très court circuit d'un peu plus de 8 km. À chaque tour, on avait donc droit à la même histoire. On attendait (!) la montée. Les meilleures grimpaient au train pendant qu'à l'arrière on jouait à l'élastique. Au fil des tours, le peloton s'amenuisait. Et puis, faut bien le dire, ce peloton manquait cruellement d'une patronne pour secouer les puces d'un peu tout le monde. Une certaine leannie Longo, quoi!
Bref, à deux tours et demi de la fin, sur le boulevard Édouard-Montpetit, Anna Wilson, la coéquipière de Lyne Bessette chez Saturn, a déclenché une attaque qui a enfin lancé la course. En moins de deux minutes, la course était jouée. L'Australienne Tracy Gaudry avait contre-attaqué et seule - devinez qui? - Lyne Bessette a réussi à prendre sa roue. Jusqu'à la toute fin, on a alors eu droit à un mano à mano entre notre Lyne et l'Australienne.
À 600 mètres de la fin, l'Australienne a placé une attaque décisive. « J'étais dans le tapis, raconte Bessette. Depuis quatre ou cinq tours, je sentais qu'il y avait de petites crampes qui s'en venaient. J'ai essayé de prendre ça cool. Je suis très heureuse de ma deuxième place. »
Gaudry, qui était arrivée la veille en provenance du Tour de Bretagne, était particulièrement fière de sa décision. « On m'a dit que j'étais un peu folle de prendre le départ dans ces conditions, mais j'aime tellement ce parcours », a-t-elle raconté après sa brillante victoire.
NOTE
Prudence de Sioux de la part de l'organisateur, Daniel Manibal, et du principal commanditaire, le ministère du Tourisme du Québec, quant à la tenue de la prochaine édition de cette épreuve de la Coupe du monde féminine. « On verra », fut leur seul commentaire. L'Italienne Fabiana Luperini et son équipe italienne, annoncées comme partantes en début de semaine, ont finalement changé d'idée à la dernière minute au grand dam des organisateurs. La championne canadienne Linda Jackson a traîné de la patte tout au long de la course. Après ses récents succès, Lyne Bessette a fait un bon prodigieux au classement général (30e) de l'Union cycliste internationale.
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