Le journaliste Paul Roy du quotidien montréalais La Presse a passé une semaine en Virginie (USA) en fin mars 1999 à un camp d'entraînement pour cyclosportifs et membres des équipes vélo du Québec, route et montagne.

Il en a rapporté une série d'articles dont celui-ci publié le 7 avril 1999.

Une fille parmi les gars

Paul Roy

STUARTS DRAFT, Virginie - On se serait cru à une course d'accélération de chars. En fait, Vincent Jourdain, entraîneur de l'équipe du Québec sur route, dirigeait un de ses entraînements spécifiques. 100 mètres, départ arrêté.

Une route droite et planche sur laquelle on délimite une distance de 100 mètres. On aligne quatre coureurs et on dit «Go !»

Les cyclistes s'élancent, les gars sur 53 x 14, les filles sur 53 (ou 52) x 15. Les meilleurs réussissent à dépasser 50 km/h ! Vous essayerez ça...

Chacun répète l'exercice huit, dix fois. Dur pour les athlètes, dur pour l'équipement. Les cadres se tordent, les souliers déclipent des pédales. Un coureur a même cassé son guidon en deux, devant nos yeux, lors d'un départ.

Le but, au dire de Vincent Jourdain, c'est de développer la force explosive des cyclistes.

Comme dans les autres exercices spécifiques, on aligne des filles avec des filles, des juniors avec des juniors... Une exception : Lyne Bessette. La grande coureuse de 24 ans s'entraîne avec les plus forts d'entre les gars.

Aussi forte que les gars ? À peu près tout le monde s'entend là-dessus.

Deux jours plus tôt, lors d'un exercice " d'intervalles " de 20 minutes, elle avait fait trimer dur les six gars de son peloton. L'un d'eux avait même décroché, incapable de soutenir le rythme.

Si elle courait avec les meilleurs coureurs du Québec, à quel rang Lyne Bessette se classerait-elle ?

« Peut-être 15e, risque Vincent Jourdain... Et s'il y avait des côtes, ça ne pourrait que s'améliorer, c'est une grimpeuse. »

Pour Éric Grypinich, vétéran coureur et commentateur articulé de la chose cycliste, Lyne est carrément « la meilleure affaire qui soit arrivée au cyclisme canadien depuis Steve Bauer ».

« Je la vois au top, dit Vincent Jourdain, elle a tous les atouts. »

En attendant, ceux qui la cotoient sont impressionnés par sa simplicité et sa gentillesse. " On l'imaginait inaccessible, nous a confié une jeune coureuse de l'équipe du Québec. Or elle vient rouler avec nous, elle nous donne des conseils, elle nous parle ! »


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