Deux chercheurs de l'Université de Montréal sont en train de terminer une étude unique au pays: ils cherchent à connaître l'attitude des adolescents vis-à-vis la conduite d'un vélo en état d'ébriété ou sous l'influence de drogues douces.
Jacques Bergeron, professeur titulaire de psychologie à l'Université de Montréal, et Martin Paqutte, étudiant en psychologie, ont questionné 606 jeunes âgés de 14 à 17 ans sur leurs habitudes de consommation et sur leur utilisation du vélo.
« Nous ne savions pas du tout à quoi nous attendre, explique en entrevue M. Bergeron, qui est spécialisé dans l'étude de la consommation d'alcool et de drogues chez les jeunes, et dans l'étude des comportements cycistes. Il y avait un gros point d'interrogation, parce que personne ne s'est penché sur ce sujet avant nous ». Quelques études sur la question effectuées en Europe et aux États-Unis avaient piqué leur curiosité : elles révélaient qu'environ un tiers des cyclistes décédés dans des accidents avaient consommé de l'alcool avant de prendre la route.
Les résultats préliminaires de leur enquête sont intéressants à plusieurs égards. D'emblée, on apprend que 95% des jeunes consultés se déplacent à vélo, et que 56% disent avoir consommé de l'alcool ou du cannabis au moins une fois dans le dernier mois.
Mais de ce nombre, un nombre très restreint disent avoir ensuite pris le guidon. « La plupart des jeunes sont raisonnables et comprennent les dangers qui sont associés à la conduite d'un vélo avec facultés affaiblies », explique M. Bergeron.
La majorité des jeunes interrogés ont également dit qu'ils « essayeraient de décourager » un ami qui a trop bu de prendre son vélo. « Sauf qu'il y a tout de même une minorité de jeunes, entre 10 et 15%, qui affirment que ça leur était égal de voir leurs amis prendre le guidon même s'ils ont bu », précise M. Bergeron.
Ce sont ces jeunes « à risque » qui inquiètent le chercheur. Ils sont 10 fois moins nombreux à porter un casque que les autres jeunes, et plus susceptibles d'adopter des comportements de conduite dangereux.
« Conduire un vélo en état d'ébriété est d'abord et avant tout dangereux pour le cycliste lui-même, explique M. Bergeron. C'est pourquoi la prévention devra se concentrer sur les adolescents à risques, ceux qui ne sont pas conscient des dangers... »
Étude également évoquée par Cybersciences sous le titre Ivresse au « guidon » le 22 octobre 2002.
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