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Qui est Didier RATSIRAKA, celui qui a déclaré la guerre aux malgaches après un pouvoir long de 25 ans ?


A-Son cursus :

Mai 1972 à 1975 :     Ratsiraka Didier Ignace, alors capitaine de corvette, est ministre des affaires étrangères du général de division Gabriel Ramanantsoa à qui le président Philibert Tsiranana a remis le pouvoir après les émeutes populaires de Mai 1972.

5 Février 1975 :           Le général Ramanantsoa démissionne et remet le pouvoir au colonel de la gendarmerie Richard Ratsimandrava, son ministre de l’intérieur. Didier Ratsiraka ne fait pas partie de ce nouveau gouvernement.

11 Février 1975 :      Le colonel Ratsimandrava est assassiné. Le Directoire militaire est mis en place ayant à sa tète le général Gilles Andriamahazo. Curieusement, le capitaine de Frégate Didier Ratsiraka n’en fait pas partie.


Juin 1975 :      Sans qu’aucun évènement ne laisse présager, les membres du Directoire militaire mettent en place le conseil Suprême de la Révolution. C’est le capitaine de frégate Didier Ratsiraka qui en est élu Président.

Décembre 1975 :           Didier Ratsiraka organise un référendum pour asseoir définitivement son pouvoir. Les Malgaches ont voté à plus de 90% pour le oui à la nouvelle constitution socialiste de Madagascar, avec à sa tète Didier Ratsiraka, lequel devient Président de la République Démocratique de Madagascar. C’est la naissance de la 2em République. Ratsiraka restera au pouvoir jusqu’en 1992.

Février 1992 :           Ratsiraka quitte le pouvoir, battu au second tour par le professeur Zafy Albert lors des élections présidentielles anticipées organisées pour mettre fin à neuf mois de grève générale.

09 Février 1997 :      Ratsiraka revient au pouvoir après avoir battu à son tour le professeur Zafy Albert, après d’autres élections présidentielles anticipées.

16 décembre 2001 :      Il est vaincu au premier tour par Marc Ravalomanana, mais il refuse de se soumettre au verdict des urnes, truque les résultats et provoque ainsi le mécontentement populaire dans toute l’île. C’est le début de la crise politique qui sévit jusqu’à aujourd’hui à Madagascar.

B- Le fond de la carrière politique de Ratsiraka


   1-Politisation à outrance :

       En 1975, il est parvenu à faire admettre l’idée du Conseil Suprême de la Révolution – C.S.R – par ses partisans au sein du directoire militaire. Il s’est fait élire Président de cette Institution – institution qui a remplacé le Directoire militaire dont il n’a pas fait partie, par le truchement de multiples jeux de couloirs, par un forcing sans précédent. En Effet, on se demande jusqu’à présent, pourquoi à cette époque là, le directoire militaire, au lieu d’organiser des élections auxquelles auraient pris part la population, met en place le CSR ?
     En décembre de la même année, Ratsiraka fait adopter par un référendum son fameux Livre Rouge comme constitution de Madagascar, il est alors devenu tout simplement Président de la République Malgache qui tout simplement aussi prend le nom de République Démocratique de Madagascar, dénomination qui connote l’orientation idéologique du pays à partir de ce moment-là. En effet, dès l’avènement de Ratsiraka au pouvoir, le système capitaliste, jusque-là en cours dans les mœurs économico-socio-politiques malgaches est renié, fustigé. On adopte le socialisme pour se mettre dans le même ton que la plupart des pays de l’Afrique, pour suivre l’exemple du frère bien-aimé Mu’ammar Al Kadhafi, Président de la Libye.
      Pour consolider les assises de son pouvoir, Ratsiraka garde le CSR, il en reste le Président, et dont les membre, pour les trois quart sont des personnalités tout à fait acquises à sa cause. Il crée ensuite le partie de l’Avant-garde de la Révolution Malgache – AREMA – il en est le secrétaire général. Un tel cumul de fonction n’a q’un seul but : l’absolutisme.
     Peu à peu, les membre du CSR et ceux du bureau politique de l’AREMA mettent la main sur le contrôle de toutes les affaires de l’Etat. Ce sont eux qui occupent toutes les hautes fonctions de l’Etat. Les membres de l’opposition n’ont aucune voix au chapitre. Pour obtenir un poste quelconque, il faut être membre de l’AREMA ou alors avoir dans sa poche un CSR ou un ministre influent.
     La direction générale des Investigation –DGIDE- est créée. Asa tète, il y a, pendant plus d’une dizaine d’année le propre beau-frère de Didier Ratsiraka, la Colonel Raveloson Mahasampo, devenu ministre de la défense en 1986 au grade de général de brigade. La DGIDE n’est autre que l’organe de répression de Ratsiraka. C’est un organisme mixte, fortement politisé, destiné à espionner et à faire pression sur tout ceux qui, de près ou de loin, sont soupçonnés de contrecarrer le pouvoir que Ratsiraka détient et qu’il veut absolu : les arrestations arbitraires et les incarcérations d’opposants commises par le DGIDe ne se comptent plus.
     L’Armée, la gendarmerie et la Police sont politisées à leur tour. Il faut souvent avoir prouver des sympathies pour l’AREMA pour monter en grades d’officiers supérieurs et on ne se maintient pas longtemps à un poste de commandement tant qu’un acte d’allégeance au parti AREMA n’a pas été fait.
     La suspicion, la délation, sont devenus pratiques courantes un peu partout. Bref, un système qui sent bon le stalinisme, et pour cause ! Brejnev, alors à la tète de l’URSS a fortement aidé Ratsiraka en dotant l’armée Malgache d’orgues de Staline, de Kalachnikov, de chars lourd, d’avions…, en mettant aux cotés de Ratsiraka des conseillers destinés à lui enseigner et à lui rappeler s’il s’avise de les oublier, les bonnes mœurs socialistes. Les amitiés entre Ratsiraka et Kim Il Sung, le leader Bien-aimé de la Corée du Nord, entre Ratsiraka et Mu’ammar Al Kadhafi de la Libye, entre Ratsiraka et Fidel Castro, le Leader Maximo du Cuba, ne sont plus d’ailleurs à démontrer.


2- Le domaine socio-économique en dérive :

     Le domaine socioéconomique n’est par épargné. Dès son arrivé au pouvoir en 1975, Ratsiraka nationalise à bras raccourcis : les grandes sociétés commerciales comme la Marseillaise, la Lyonnaise…, les Assurances, les Banques, les Compagnies d’eaux et Electricité, les sociétés pétrolières- Shell, Agip, Total, Esso- les chantiers Navals et j’en passe sont nationalisés et jusqu’à présent, les contentieux opposant Madagascar aux propriétaires de ces différentes sociétés ne sont pas résolus ! Vous devinez aisément qui ont été mis à la tète des conseils d’administrations des sociétés étatisés : les membres du CSR et ceux du bureau politique de l’AREMA. Résultats inévitables :

a) Pléthore de l’effectif du personnel de ces sociétés d’Etat qui visiblement, recrutent à outrance dans un seul but : le clientélisme politique.
b) Le savoir faire et la compétence n’étant plus de rigueur pendant les recrutements, les anciennes performances de la production ne sont plus atteintes.
c) Les sociétés d’Etat sont devenus des pourvoyeurs de fonds de l’AREMA et peu à peu, elles font faillite et l’économie est en déroute.



3- L’Appauvrissement est généralisé :

     Peu à peu aussi, avec la politique socialiste qui s’installe, le commerce des produits de premières nécessité passe entre les mains de l’AREMA, et disparaissent des étalages des commerçants. L’habitude de faire la queue devant les points de vente de la coopérative AREMA ou COOPAREMA s’installe pour de nombreuses années et ce évidemment pour faire comme les pays amis socialiste ! Le riz, nourriture de base, l’huile, le sucre, le savon qu’on ne trouve plus chez les marchands se vendent au noir à des prix exorbitants mais on est obligé de s’y faire si on veut pas faire la queue dès 3 heures du matin devant les points de vente de l’AREMA. Les salaires ne suffisent plus car le coût de la vie augmente d’une façon vertigineuse. Chaque ménage de salariés est obligé de faire des petites combines pour arriver à joindre es deux bouts. Peu à peu, la misère s’installe. Le nombre d’enfants scolarisés diminue,. Le banditisme règne partout dans l’île. Les paysans, ne sentant plus en sécurité, fuient les campagnes pour essayer de trouver refuge et de quoi vivre en ville. Au cours des années 80, l’on voit apparaître en nombre de plus en plus croissant des sans-abris – les Quat’mi- Ils occupent les tunnels, les trottoirs de la ville d’Antananarivo. Ils y vivent jour et nuit, fouillent les poubelles pour subsister, meurent par douzaines en période de soudure.
     Parallèlement, une classe sociale composée de nouveaux riches se crée, composée d’une part des dirigeant et de leurs famille, les membre influents de l’AREMA et qui – l’on s’en aperçoit peu à peu – détiennent le commerce au noir – et d’autre part par les affairistes de tout bord qui ont profité des circonstances pour investir à leur tour dans le marché parallèle en allant s’approvisionner à la Réunion ou à l’île Maurice et même en France.


4- Puissance du parti AREMA :


   L’appauvrissement de la population est quasi-généralisé. L’économie nationale part en dérive mais les partisans de Ratsiraka ne cessent de clamer sa haute compétence et le culte de sa personnalité devient le sujet habitue de leurs discours.
     L’enrichissement de l’AREMA devient à son tour flagrante et ce, avec le soutien sans faille de la DGIDE, des soviétiques et surtout avec les fonds offerts par le leader Libyen qui le finance à coup de milliards dans on ne sait quel but obscur. Toujours est-il qu’avec ces énormes moyens, Ratsiraka a réussi à installer les bases de son parti jusque dans les coins les plus reculés des l’île. Les fonctionnaires sont alors obligés de se faire AREMA s’ils ne veulent pas être affectés « au diable vauvert ». Ils sont devenus des instruments sûrs entre les mains du parti de Ratsiraka pour commettre les fraudes électorales nécessaires à la victoire de l’AREMA à tous les niveaux des élections et celui qui refuse de se plier aux exigences du parti s’expose aux pires représailles. La radio et la télévision nationales sont devenues les propriétés exclusives du parti AREMA et servent surtout à chanter les louanges de Ratsiraka et à vouer aux gémonies ses adversaires.

5- La corruption prend de l’ampleur :

     Tout cela dure depuis 27 ans, 27 ans pendant lesquels, les malgaches s’essoufflent, tirent le diable par la queue, tant et si bien qu’à la longue, ils ont fini par y perdre leur âmes, oubliant leur culture de l’amitié, de l’union, de l’entraide, de la justice et de l’équité, oubliant leur morale sociale et profitant de la moindre occasion pour en tirer bénéfice à l’exemple de leurs puissants et riches dirigeants. Le mot d’ordre est simple : survivre. Le culte du profit s’installe peu à peu dan les mœurs et inévitablement la corruption à tous les niveaux et dans tous les domaines : on paie pour être admis à un concours, on « graisse la patte » à tel ou tel juge pour gagner un procès, on finance l’achat de a voiture de tel ou tel fonctionnaires du budget et des finances pour payer le moins d’impôts possible ou pour ne pas payer des frais douaniers etc. .. Quoi d’étonnant si , avec de telles pratiques dans les sphères des Finances, l’Etat se retrouve en difficulté permanente ? Peu à peu, Ratsiraka se voit obligé de se tourner vers la Banque mondiale et le Fonds monétaires International. D’ou les divers cas d’ajustement structurel par lesquels a dû passer Madagascar à partir de la 2em moitié des années 80. Depuis, les aides et les financement de projets ne se comptent plus et en repensant, on se demande si nos arrière arrières arrières petits-enfants n’auront pas eux, à payer encore les dettes contractées par Ratsiraka soi-disant pour investir à outrance au profit du pays mais en réalité au profit de sa propre progéniture ou de celui de son entourage.
    Il est en effet étonnant qu’aucun des projets financés par nos bailleurs de fonds n’ait abouti à quelque chose de visiblement concret jusqu’à présent. Quand on pense par exemple que Madagascar en est à son 8em projet routier financé par la banque mondiale, on se pose des sérieuses questions sur les destinations réelles de ces financements au vu de l’état lamentable de nos routes et surtout que nos routes bitumés sont en régression de 6000 km depuis 30 ans !
    Quand on pense que nos dettes extérieures sont, chaque année, de plus en plus élevées et que depuis 1996 jusqu’en 2001, elles sont passées de 3085,1 millions de DTS à 3506,8 millions de DTS après rééchelonnement sur rééchelonnement, on a le droit de penser qu’il y a eu déviation de l’utilisation des ces fonds avancés par nos bailleurs. Parallèlement à cette situation, les enfants de Ratsiraka sont devenus mutli-milliardaires : l’une de ses filles a fêté récemment son centième milliard, son fils a pu constituer une flotte de 12 hélicoptères et de quelques avions, son ministre de l’aménagement et du territoire et de la ville a pu construire sept villas, et tout cela en l’espace de cinq ans.

C- Depuis le 16 Décembre 2001 :


   Cette toute cette carrière de Ratsiraka que la Malgaches ont refusé de revire en lui retirant sa confiance lors du vote de 16 décembre dernier qui est en fait, une sanction sévère à l’encontre de tous les politiciens malgaches. Mais l’Amiral n’entend absolument pas abandonner la Présidence de la République pour autant. Il y a deux ans, il a consolidé son pouvoir en organisant des élections pour mettre en place les provinces autonomes prenant comme prétexte le respect de la constitution de la 3em République. Ce qu’il a cependant oublié de faire c’est d’informer d’une façon sérieuse la population sur les tenants et les aboutissants des l’autonomie d’une province ? Madagascar est peuplée de 18 ethnies, tenant chacun à faire valoir ses traditions et se particularités. Il aurait été par conséquent très judicieux de mettre sur pied un programme d’information s’étalant sur tout le temps nécessaire à l’assimilation des lois régissant l’autonomie d’une province par la population et ce, dans le but de préserver l’unité nationale car pour le gens mal intentionnées, provinces autonome peut signifier sécession. Ratsiraka n’a pas fait cette campagne d’information ou si peu. Il s’est hâté d’organiser les élections provinciales, prenant de court les partis de l’opposition qui, faute de temps pour s’organiser, ont préféré pour la plupart renoncer à ces échéances électorales. Ceci a servi bien entendu les projets de Ratsiraka. Son parti a raflé les 90% des sièges des conseillers provinciaux et conséquence logique, les 6 gouverneurs des 6 provinces autonomes sont des fidèles entre les fidèles de Ratsiraka, des personnages prêts à nuire par tous les moyens à tous ceux qui s’avisent de gêner le maintien de Ratsiraka au pouvoir. En ce moment même, ils sont entrain de prouver à l’Amiral qu’il a eu raison de leur avoir fait confiance. Ce sont eux qui, sur ordre de Ratsiraka, ordonnent les féroces persécutions contres les partisans de Ravalomanana, sèment la terreur dans toutes l’île avec l’aide de milices armées et payées par la fille de Ratsiraka ou de militaires aveuglement acquis à sa cause. Ce sont ces mêmes gouverneurs qui refusent de se plier aux accords signés à Dakar, qui défient la communauté Internationale qui a présidé ces accords et renforcent les barrages anti-économiques, continuent d’arrêter, d’emprisonner, de torturer les pro-Ravalomanana dans le nord de l’île pour faire pression sur la Haute Cour Constitutionnelle qui est en train de refaire le décompte des voix du 16 décembre, menacent de faire sécession si les résultats du décompte ne leur donnent par entière satisfaction !
     Telle est la carrière de Ratsiraka ! Et c’est un tel homme que Chirac soutien et c’est un tel homme que Chirac accordé un visa de séjour à vie sur le sol de la France agrémenté par l’achat d’un abri sûr : la villa « Madrid » à Neuilly ! Puisque des hommes tels que Ratsiraka trouvent un accueil aussi chaleureux en France, il n’est pas surprenant que Le Pen ait eu autant de succès au 1er tour des élections présidentielles françaises. Las des manigances de leurs dirigeants successifs qui acceptent d’accueillir sur leur sol d’anciens chefs d’états véreux, reniés par leurs propres peuples, des terroristes déguisés en réfugiés politiques. les Français ne se sentent plus en sécurité chez eux ! Alors, beaucoup d’entre eux ont préféré voter pour quelqu’un qui parle d’y mettre bon ordre et de ne plus accepter n’importe qui en France, même s’il s’agit d’un raciste , d’un fasciste notoire.

I.RANDRIA