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Un Monde Sans Argent : Le Communisme
IV. Au-Delà Du Travail



TRAVAIL ET TORTURE

Si il y a un mot qui n'est pas neutre c'est bien la mot travail.

En français et en espagnole il a pour origine le mot latin de trepalium qui désignait un instrument de torture ayant succédé à la croix. Avant de prendre sa simplification moderne il va d'abord désigner des travaux particulièrement pénibles puis le travail des mines. Aujourd'hui sa signification s'est considérablement étendue mais les frontières en restant floues. Comme pour lui fournir une justification naturelle le travail finit par rendre compte de phénomènes physiques.

En anglais le mot tire son origine d'une activité paysanne concrète. Ce qui caractérise le terre de travail c'est justement son caractère abstrait. Il ne désigna plus telle ou telle activité particulière mais l'activité et l'effort en soi. On ne plante plus des choux, on ne tisse plus, on ne garde plus les moutons, on travaille. Tout travail en vaut un autre. Ce qui compte c'est le temps que l'on y passe et le salaire que l'on en tire. Comme le disait Marx : "Le temps est tout, l'homme n'est plus rien : il est tout au plus la carcasse du temps."

Ce n'est pas au mot travail que nous nous en prenons mais à l'odieuse réalité qu'il recouvre. Peu importe qui le terne reste ou disparaisse. Si il doit rester il lui faudra changer profondément de sens. Peut-être finira-t-il par désigner le summum de la jouissance !

Dans la société communiste l'activité productive perdra son caractère strictement productif. L'obsession du rendement et du temps perdu disparaîtra. Le travail se fondera dans l'ensemble d'une vie transformée.

Un tel changement signifie la fin de la hiérarchie, de la division entre dirigeants et dirigés, de la scission entre décision et exécution, de l'opposition entre le travail manuel et intellectuel. L'homme ne sera plus dominé par les produits de son activité et par ses outils. La soumission de la nature au processus productif et son accaparement par des groupes ou des individus disparaîtra.

Cette révolution s'accompagnera d'une mutation technologique. C'est la nature même du développement industriel qui est en question.

Le caractère parasitaire du capitalisme se traduit dans le fait que l'on peut assurer la vie sociale en ferment une grande partie des entreprises. Une preuve dés ressources d'un pays développé a été donnée par la grève de mai 68 en France. L'ensemble de l'industrie a pu être fermé durant un mois sans que les conséquences en soient trop sensibles.

Peut-être manquera-t-on de pain en période de révolution. Mais cela ne pourra être attribué à une faiblesse de la capacité de production. Ce sera le fait de causes particulières. Cela n'enlèverait rien à la possibilité de fermer des industries parasitaires. Tout au contraire, cela la rendrait plus nécessaire afin de pouvoir reconvertir des forces vers les secteurs vitaux.

On ne peut décider à l'avance et dans le détail de ce qui sera ou non éliminé. Nous sommes convaincus du sale rôle de l'industrie de guerre. Elle n'aura plus de raison d'être dans une société communiste développée. Cependant on ne peut décider si dans une phase transitoire il ne faudra pas la développer !

Les décisions, de toute manière, ne seront pas prises par des comités de technocrates main directement par les travailleurs concernés. La menace d'une perte de salaire ne pèsera plus sur leur décision !

Si certains par corporatisme ou pour des raisons moins avouables s'accrochent à des tâches inutiles ou même nocives ils en seront responsables devant l'ensemble du prolétariat communiste. Le droit de propriété ou de libre détermination ne sera pas une excuse pour les policiers ou les travailleurs financiers qui voudraient voir se perpétuer la routine de leur petit travail habituel !

Sera éliminé ou tout au moins profondément transformé tout ce qui sert la finance et la machine étatique, ce qui exige des efforts pénibles et importants pour satisfaire des besoins secondaires. Des produits ou des "services" comme le téléphone, l'énergie électrique qui sont aujourd'hui utilisés par les entreprises pourront être en grande partie réorientés directement vers la consommation individuelle. Des bâtiments et des machines pourront chanter d'usage.

De nombreux besoins pourront être satisfaits par des dépenses sociales bien moindres. Le transport, par exemple, sera fondé sur une utilisation plus rationnelle des véhicules individuels ou collectifs. Les impératifs horaires seront beaucoup plus souples. Les besoins de se déplacer seront moins fréquents.

Des activités ne disparaîtront pas véritablement mais seront profondément transformées. L'éducation échappera autant que possible à l'action des spécialistes. L'imprimerie passera du service des grands quotidiens à celui d'une multitude de petits bulletins.

Le principe ne sera pas de produire pour produire et de ne battre pour conserver des clients mais de réduire autant que possible le travail industriel pénible et inintéressant. La fermeture des secteurs inutiles permettra d'alléger et de varier les tâches productives restées nécessaires. Les forces sociales libérées pourront s'occuper d'activités nouvelles.

Les enfants, les étudiants, les personnes âgées, les ménagères pourront participer suivant leur capacité aux activités sociales, sans être une main d'oeuvre concurrente sur le marché du travail.

Ces transformations ne sont pas un luxe que devrait se permettre la révolution pour attirer à elle les hésitants. Elles sont immédiatement nécessaires pour combattre et concentrer les forces sur le parti du capital qui risque d'être encore vivace un certain temps.



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