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Un Monde Sans Argent : Le Communisme
IV. Au-Delà Du Travail



SCIENCE ET AUTOMATION

Toutes ces mesures ne nous donnent qu'une vague idée de ce qui suivra. Le communisme utilisera la base matérielle que lui lèguera le vieux-monde. Surtout il développera les acquis techniques et scientifiques. Il le fera vite et mieux que le capital.

Il est de bon ton de s'extasier devant les progrès techniques accomplis depuis la dernière guerre mondiale. En fait il faudrait plutôt s'étonner de la lenteur avec laquelle les découvertes scientifiques pénètrent dans l'industrie. Celle-ci ne caractérise d'abord par son inertie. Elle progressa lorsque des "accidents" historiques l'obligent à changer ses approvisionnements ou ses débouchés, elle modifie sa base technique lorsque les taux d'intérêt se sont effondrés pour sortir du marasme économique.

L'industrie actuelle vit sur le perfectionnement d'inventions et de découvertes datant de plusieurs dizaines d'années. Par exemple des véhicules qui sont fondés sur le moteur à explosion et l'énergie pétrolière comme nos voitures d'avant-garde sont de véritables fossiles au regard des possibilités scientifiques. L'industrie n'a pu développer vraiment ni l'automation ni de nouvelles sources d'énergie. Elle ne peut le faire que si cela devient rentable de son étroit point de vue.

Le communisme pourra se permettre de construire des machines ou des ensembles industriels qui n'auraient pas été rentables du point de vue d'une entreprise ou même d'un état capitaliste. Il estimera que le progrès accompli en vaut le coup non pas au regard de l'avantage immédiat. Encore que il pourrait souvent trouver cet avantage immédiat là où le capitalisme ne le verrait pas : qualité accrue des produits, intérêt de la recherche, amélioration des conditions de travail.

Du point de vue du capitalisme il n'est pas rentable de fabriquer un marteau-piqueur silencieux tant que le prix de l'engin ne peut être égal ou inférieur à celui d'un marteau-piqueur bruyant. Il importe assez peu que l'économie ainsi faite se paye de désagréments évidents. Que une fois que sa production sera développée le marteau-piqueur silencieux puisse revenir moins cher que celui qui fait du bruit ne peut entrer en ligne de compte au moment de non lancement. Pourquoi une entreprise risquerait-elle de se mettre en faillite ou tout au moins de faire des sacrifices au nom du progrès technique ou par humanisme ? Le communisme ne se contentera pas de prendre le relais du capitalisme. Il transformera la science et la technique. De servantes conscientes ou inconscientes de l'enfer industriel elles deviendront des outils de libération.

La science ne sera plus un secteur distinct de la production.

Le capital a un besoin vital d'innovation. Il ne peut le faire surgir directement du secteur productif. Celui-ci doit rester calme et l'imagination ne doit pas s'y déchaîner. La science s'est donc développée de son côté. Durant longtemps elle est resté marginale, une oeuvre d'amateurs. Le capital ayant un besoin plus pressant de ses services a dû la prendre en main. Sous l'égide de l'état et des entreprises la science devient un investissement. Elle ne bureaucratise, passe sous le joug des mandarins et des administrateurs. La liberté de création est tenue en laisse.

Aux veux de l'opinion la science est une fée bonne ou mauvaise. Le savant c'est le sorcier devenu salarié. Ce qui est le résultat de l'esprit critique apparaît comme une oeuvre de magie.

L'idéologie de la production reprend ce qu'elle avait dû concéder à l'expérimentation. La science apparaît comme le secteur où l'on produit une marchandise spéciale : le Savoir. La connaissance cesse d'être le résultat précaire d'une recherche donnée pour devenir un produit sacralisé offert à la contemplation d'une masse d'infirmes mentaux.

Il s'agit ne libérer l'initiative et l'expérimentation pour les rendre à tous. La science doit cesser d'être la possession d'une caste de spécialistes pour redevenir goût du risque et du jeu, plaisir de le découverte.

La "conquête" de l'espace a illustré les possibilités de l'automation et de l'électronique. Il s'agit que toute cette technologie soit appliquée à la transformation de notre vie quotidienne. L'automation permet de décharger les humains d'occupations fastidieuses et de confier aux machines ce qui leur revient.

Les premiers pas des systèmes automatiques qui une fois mis en route fonctionnent et se régulent tans intervention remonte au temps des pharaons. Ils servaient à la régulation du Nil. Avec les temps modernes on commence à les voir fleurir. On commence à voir des "usines" automatiques. Ainsi ce moulin près de Philadelphie qui en 1784 recevait le blé et le transformait en farine sens intervention manuelle. A côté des machines automatiques de production se sont développées les machines à calculer. C'est en 1881 qu'est présenté le téléphone automatique.

L'automatisme existe depuis fort longtemps. Il n'est qu'une forme extrême du machinisme. C'est l'électronique qui va permettre d'en faire une forme courante sinon la forme la plus habituelle du machinisme.

L'électronique associée au contrôle de sources importantes d'énergie permit d'agir à distance et de centraliser un grand nombre d'opérations.

L'automation ce n'est pas simplement la possibilité de confier à des machines les tâches que l'homme n'accomplit qu'à contre-coeur. C'est aussi, et peut-être surtout, la possibilité d'entreprendre ce qui n'aurait jamais été possible autrement. Elle rend possible des opérations qui exigent des réactions plus rapides, des calculs plus complexes que ceux qui sont possibles aux humains. Les machines peuvent agir dans des conditions impropres à la vie. Sans l'automation le développement de l'énergie nucléaire ou de la découverte de l'espace seraient des entreprises impossibles.

Ceux qui veulent la révolution mais ne veulent pas faire appel à une science et à une technologie maudite sont datte une impasse. La destruction massive de notre environnement n'est certes pas indépendante des possibilités techniques mais on ne peut faire retomber sur elles la responsabilité.

L'énergie nucléaire ou l'informatique peuvent présenter un caractère très dangereux. C'est le reflet de leur puissance. Mais cela ne fait que condamner la société présente qui les utilise inconsidérément ou s'en sert pour renforcer son contrôle sur les gens.

Jusqu'à présent le capital n'a automatisé que dans le détail. Cela ne veut pas dire qu'il peut s'arrêter là. Sa logique, la nécessité de maintenir ou de retrouver un taux de profit convenable, doit le contraindre aller plus loin. Cela ne veut pas dire que la généralisation de l'automation soit compatible avec le maintien du système actuel. Son principe même est contraire à la survie d'une société de classes : elle rend le prolétaire inutile. "La machine automatique... représente l'équivalent économique précis du travail d'esclave". ( N. Wiener ) La point extrême du développement du machinisme rend les machines humaines inutiles.

La solution est donc révolution communiste ou destruction du prolétariat qui serait réduit à une couche d'assistés ou carrément éliminés. Des prophètes de malheur nous prédisent la seconde éventualité. Notre optimisme ne se fonde pas sur l'humanisme de nos dirigeants : L'histoire a montré que le génocide ne les effrayait pas. Nous les croyons simplement incurables de maîtriser la situation et de conduire véritablement une politique. Pour le meilleur et pour le pire nous ne sommes pas gouvernés par des surhommes aux vues puissantes mais par des crétins habiles dans la manoeuvre mais incapables d'avoir une vision historique des événements. Ils sont eux-mêmes en partie rejetés du processus productif. Ce qu'il faut dans l'affaire c'est que le prolétariat ne se montre pas trop débile.

La force des prolétaires est immense. Le conscience qu'ils ont de cette force est extrêmement réduite. La classe ouvrière a toujours tiré sa puissance de sa place dans l'appareil productif. Les débuts d'automatisation de cet appareil n'ont fait que renforcer cette puissance. De petites fractions d'ouvriers et de techniciens tiennent entre leurs mains un pouvoir énorme. Des soubresauts économiques risquent de leur donner le goût d'en user.

La bourgeoisie ou la bureaucratie ne veut nier le prolétariat sans se nier elle-même. Elle est enchaîné à la valeur, c'est-à-dire au travail humain qui est le fondement de cette valeur. Elle ne veut pas le progrès pour le progrès mais pour l'argent. Si elle développe le machinisme ce n'est pas avec l'arrière-pensée de se débarrasser d'ouvriers trop turbulents. Le prolétariat n'est pas la simple instrument de la bourgeoisie. Il est aussi sa raison d'être. Le capital ( ou le travail ) ravale l'homme au rang de la machine mais il ne peut cesser d'être un rapport social entre des classes.



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